Réactivité

Les solutions que l’on peut trouver pour régler ce problème difficile à vivre au quotidien sont aussi diverses que leurs sources : les forums sur Internet, Facebook, un ami d’ami qui a pratiqué telle méthode avec son chien, les émissions télé, les magazines, les 75 livres traitant du chien, la voisine qui a eu des chiens toute sa vie (3…) etc. Tout le monde ou presque a déjà entendu parler de la réactivité chez un chien ou un chiot. Et beaucoup de personnes improvisent des moyens à mettre en œuvre, du plus au moins efficace. Du plus au moins éthique.

Si la plupart d’entre nous sommes animés de bonnes intentions, il arrive souvent que nous faisions des erreurs. Mais quelles sont-elles au juste ?

1. Apporter son chien au parc à chiens pour qu’il «socialise»

C’est l’une des erreurs les plus communes. Et pourtant, il semble logique d’habituer le chien à ce qui semble le stresser ou l’exciter. Mais admettons que vous ayez peur des araignées et que je vous force à rentrer dans une pièce infestée de ces bestioles et que je ferme la porte à clé. Pensez-vous être capable de vous y habituer au bout d’un quart d’heure ? Ou feriez-vous pipi dans votre pantalon tout en me maudissant ?

Pour un chien qui réagit aux autres chiens par peur, l’immersion n’est pas une bonne chose à faire : le chien envoie des signaux de stress, vous alerte, grogne, tremble, charge… et malgré tout, on l’oblige à entrer dans une zone qui le terrifie ?

Pour les chiens qui sont frustrés socialement (ils n’ont pas peur, au contraire, ils veulent rencontrer les autres chiens), ce qui peut arriver une fois dans le parc, c’est que notre chien super excité et frustré va pouvoir se défouler sur les autres chiens en jouant de façon trop brutale. C’est ainsi que peuvent arriver les accidents ou les bagarres. Résultat : on se retrouve avec un chien harcelant ou pire : traumatisé.

Nous venons à ce moment-là d’empirer notre problème déjà existant. Bien qu’il soit possible qu’un chien frustré en laisse joue de façon totalement équilibrée une fois au parc canin, je recommande ici toutefois un peu de prudence afin de ne pas augmenter les problèmes que vous vivez déjà avec votre animal.

2. Punir son chien : collier étrangleur, secousses sur la laisse…

Encore un beau classique du genre. La punition, sous quelque forme que ce soit ne marche pas. Je vais l’écrire encore une fois : LA PUNITION NE MARCHE PAS. Voilà. C’est tout.

Elle n’enseigne RIEN au chien, elle ne lui montre pas quoi faire à la place de ce comportement qui nous dérange. Elle inhibe simplement les symptômes sans comprendre ou soigner la cause.

Les «NON» ne veulent plus rien dire pour nos chiens, puisque nous disons non tout le temps, pour tout et n’importe quoi. Le non est vide de sens et n’enseigne rien non plus à pitou.

Dans une autre mesure, à votre avis, si vous faites mal ou peur à votre chien quand il est en présence d’autres chiens, que se passera-t-il ? Il ne jappera plus, certes, mais va-t-il être moins stressé en les voyant ? Ne va-t-il pas craindre une douleur physique en conséquence de leur apparition ? Le chien qui était déjà dans un état émotionnel difficile au départ se fait en plus punir parce qu’il exprime cette émotion. Dans ce cas-là, autant donner une paire de baffes à un enfant qui a peur d’un orage… Notre article sur la réactivité canine et les colliers anti-aboiements pourra vous éclairer davantage.

Un chien qui se fait réprimander d’avertir, n’avertira plus. Et finira par mordre sans signe précurseur, ou bien à souffrir d’impuissance acquise. Tout un programme…

Pour en savoir plus sur les chiens qui mordent lorsqu’on les chicane :

• Pourquoi mon chien veut-il me mordre lorsque je le gronde ?

3. Aller trop vite, ne pas faire attention aux signes

Il arrive souvent que, voyant qu’une méthode marche, nous soyons renforcés par ces succès et que nous brûlions des étapes. Vouloir aller trop vite est une erreur fréquente : «les choses vont bien, on va accélérer tout ça, je suis sûre que ça va marcher».

Dommage ! Vous venez de perdre tous les progrès de votre chien. De la même façon que je ne vais pas amener à la piscine un aquaphobe qui commence à peine à tolérer le parc à jets d’eau, je ne pousserai pas mon chien à aller plus loin que ce qu’il peut tolérer. Pour cela, il est important de surveiller ses signaux de stress et son langage corporel dans les différents contextes et de le sortir d’une situation trop intense. Et surtout de suivre un protocole d’entraînement graduel, à la hauteur de ses limites!

Les bonnes manières en entraînement canin

• Attendre que votre chien ait eu plusieurs succès et soit complètement à l’aise (dans des sessions d’entraînement différentes) avant de lui en demander plus.
• Bien reconnaître les différentes composantes reliées à l’entraînement et ne pas trop en demander lors d’un même exercice (le type de personnes ou de chiens, la positon de ces chiens ou de ces personnes – de dos ou de face? –  la distance, la durée – de la session d’entraînement qui peut parfois être épuisante pour notre chien, ou du nombre de secondes écoulées depuis que votre chien a vu l’écureuil, l’humain, l’autre chien).

Imaginez une personne agoraphobe. Si cette personne est capable d’être en discussion avec deux nouvelles personnes pour leur demander l’heure, pensez vous qu’elle soit apte à aller au restaurant avec elles pendant plusieurs heures? Qu’une nouvelle personne se joigne à eux? Eh non! Une. Étape. À. La. Fois.

En voulant aller trop vite, vous risquez au contraire de nuire à vos efforts en sensibilisant votre chien (plutôt qu’en le désensibilisant).

4. Attendre trop avant de consulter un comportementaliste canin

Que ce soit par orgueil ou faute de budget, cette erreur reste une des plus répandues. Malheureusement, on ne s’improvise pas chirurgien ou avocat, alors pourquoi croire qu’on peut soi-même résoudre des problèmes qu’un individu dont on ignore le langage rencontre ? « Oui mais moi je sais faire, j’ai toujours eu des chiens ! » Ok mais moi j’ai toujours eu des dents et je ne suis pas dentiste pour autant. Je sais les brosser mais je ne saurai pas retirer une carie ou pratiquer un traitement de canal. Je laisse faire les pros car je tiens à mes dents. Ce n’est pas de la faiblesse, c’est du bon sens !

Un éducateur canin CONNAÎT son métier, il a vu des centaines de cas différents et a traité beaucoup de problèmes avec des protocoles adaptés. Il connaît le langage canin et ses subtilités. Et surtout : il a étudié avant de pratiquer (là je parle des BONS éducateurs). Comme n’importe quel métier, il convient de l’apprendre avant tout. Voir ici notre article pour vous conscientiser à propos du métier d’éducateur canin qui n’est pas réglementé au Québec.

N’ayez crainte que votre argent sera bien investi. Ce n’est pas du luxe ou de l’argent jeté par les fenêtres que de prendre des cours avec un éducateur. Vous n’hésitez pas à aller consulter un médecin ou un thérapeute pour votre enfant s’il en a besoin ? C’est pareil pour votre chien. Vous l’aimez, alors laissez un dresseur de chiens professionnel vous guider.

Et n’attendez pas que la carie soit déjà en train d’attaquer la racine ! Appelez quelqu’un avant que la situation demande trop de travail de réhabilitation. Comme le dit l’adage : il vaut mieux prévenir que guérir. Plus votre chien aura l’opportunité de pratiquer une mauvaise habitude, plus elle sera ancrée et difficile à enlever!

5. Ne pas protéger votre entraînement

Vous avez finalement fait appel à un éducateur canin ? Parfait. C’est une très bonne chose!

Maintenant, pensez surtout à protéger votre entraînement. Quésako ? Ok. Admettons que votre chien ait appris à tolérer la présence d’autres chiens à distance. Et imaginons maintenant que vous promenez votre chien à une heure d’achalandage. Il y a beaucoup d’autres chiens autour de vous, beaucoup de stimuli (comme des voitures). Vous n’avez pas vos friandises en main et votre chien commence à réagir à celui d’en face qui arrive beaucoup trop vite. Il jappe de plus en plus fort jusqu’à ce qu’il essaye de charger et vous tire avec lui… Bref, vous n’étiez pas prêt. Et voilà tout votre entraînement de plusieurs semaines anéanti en quelques secondes.

Truc de pro : Votre chien devrait recevoir une récompense CHAQUE FOIS qu’il voit ce qui le fait déclencher!

Toujours mettre son chien en position de succès en entraînement

Il est important de garder intact le fruit de tous vos progrès ensemble : pensez à réduire les promenades ou à ne les faire qu’à un moment très calme de la journée, ayez toujours des friandises avec vous, n’attendez pas que le comportement de votre chien s’intensifie : éloignez-vous avant.

Pensez un peu à une personne qui entreprend de perdre du poids. Elle s’entraîne tous les jours, mais ne pense pas à apporter des collations santé avec elle ; elle s’achète donc des croustilles et des friandises lorsqu’une fringale lui prend. Les efforts mis en faveur d’une perte de poids viennent donc d’être contre-carrés par une mauvaise gestion. C’est exactement le même principe en ce qui concerne le dressage de votre chien, que ce soit au niveau de la réactivité ou de lui apprendre une simple marche en laisse sans tirer : ne le mettez pas dans une situation d’échec. Il reviendra à ses vieilles habitudes.

Votre entraînement doit être protégé du début à la fin, cela pour garantir un résultat plus rapide et efficace dans la réhabilitation de votre chien!

L’état de santé de notre chien :

À surveiller dans les cas d’agressivité / réactivité

On oublie trop souvent que la condition médicale de notre chien peut amener certains troubles du comportement, notamment l’agressivité ou la frustration. Exemple : les problèmes de glande thyroïde. Un déficit hormonal, donc une hypothyroïdie peut amener un chien à devenir irritable, incontrôlable ou intouchable. Dans 63% des cas de comportements anormaux, la raison est thyroïdienne (étude de Jean Dodd et Linda Aronson 1999). Bien que la réactivité chez le chien ne soit pas nécessairement liée à un comportement anormal, pensez donc à vérifier auprès de votre vétérinaire si votre chien ne fait pas d’hypothyroïdie.

Vous souhaitez prendre une rendez-vous avec un professionnel?

Notre équipe compte plusieurs éducateurs canins à Trois-Rivières, à Québec ainsi que dans les banlieues de Montréal et à Paris:

• Margaux, éducateur canin à Paris
• Abdel, intervenant canin dans la région parisienne

Nous offrons aussi des services consultation en comportement canin via vidéo-conférence.

N’oubliez pas de lire nos 3 derniers articles sur la thématique de la réactivité canine : 

• Les 5 exercices incontournables à apprendre à son chien réactif
• Les principaux mythes sur les chiens qui jappent / chargent en laisse 
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Article rédigé par Dorothée Pâris Pasturel

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Votre chien grogne, jappe, saute? Il tire en laisse pour aller voir d’autres chiens ou un écureuil ? Vos promenades sont devenues un enfer et vous hésitez même à le sortir? Vous ne savez pas par où commencer pour faire cesser ces comportements…. Vous avez tout essayé? Voici le top 5 des choses qu’un chien réactif doit absolument apprendre!

1. Chien/chiot réactif : Tu reviendras!

Le rappel est peut-être l’exercice le plus important dans la vie d’un chien ! Pourquoi, vous demandez-vous ? Parce que, le jour où vous rencontrerez une situation urgente, comme une bagarre ou bien si votre chien fugue, votre chien doit revenir vers vous sans hésitation.

Voilà pourquoi la règle d’or en matière de rappel est celle-ci : rendez-vous plus intéressant que tout ce qui vous entoure !

Entraînez le rappel de votre chien d’abord à la maison :

1. Prévoyez des gâteries et un moment où votre chien n’a pas mangé (sa motivation sera doublée !)
2. Choisissez un mot unique qui vous servira uniquement à rappeler votre chien et rien d’autre.
3. Dites la commande de rappel (votre mot) sur un ton joyeux, comme si vous vouliez jouer avec lui.
4. Lorsqu’il vient vers vous, félicitez-le puis récompensez.
5. N’hésitez pas à faire le même exercice à plusieurs dans la maison : appelez-le chacun votre tour.
6. Augmentez la difficulté en vous cachant dans des pièces de la maison !
7. Progressivement, faites l’exercice dehors, d’abord sans trop de distractions. Utilisez une longe pour sa sécurité.

Jouer au jeu du «poursuis-moi» avec votre chien :

1. Dites-lui la commande de rappel puis courez joyeusement dans la direction opposée.
2. Lorsqu’il vous rejoint, déposez la récompense au sol puis enfuyez-vous dans une autre direction.

Votre chien sera heureux de vous poursuivre et cela deviendra très positif pour lui de vous chercher et de revenir vers vous : du jeu et des gâteries ! Quoi de plus amusant?

2. Chien qui tire en laisse : Rien tu n’obtiendras ainsi

Cet exercice permettra à votre chien de comprendre que tirer en laisse pour avoir quelque chose ne mène à rien. C’est une excellente façon de lui enseigner la politesse ! Un peu comme à un enfant auquel on demande un «s’il te plaît» avant toute demande.

Trouvez un endroit calme et attachez votre chien en laisse :

• Pour cet exercice, votre chien devrait être attaché à un harnais et non à un collier.
• Lancez une gâterie ou un jouet, assez loin pour que pitou n’y ait pas accès. Tenez votre chien près de vous pour éviter qu’il s’élance, ou demandez à une autre personne d’aller porter la surprise plus loin.
• Votre chien va tirer sur sa laisse pour y accéder. Rappelez-le dès qu’il y a une tension sur la laisse.
• Votre chien va comprendre très vite que ce n’est pas en tirant qu’il y arrivera. Attendez qu’il se retourne vers vous.
• Dites «OK» ou «YES» (un mot spécifique à cet exercice) et accompagnez-le vers ce qui est au sol et invitez-le à le prendre.

Répétez cet exercice dans plusieurs types d’environnement. Votre chien va apprendre que s’il veut aller sentir les pipis ou courir après un oiseau, il doit d’abord venir vers vous pour vous demander la permission.

3. Chien qui manque de concentration : Tu me regarderas

Il est important pour un chien de savoir à qui se référer en toute circonstance. Le contact visuel est une chose que votre pitou doit acquérir afin de créer un lien de confiance fort avec vous et renforcer son focus.

Un exercice tout simple : montrez à votre chien que vous avez des gâteries dans votre main puis cachez-les dans votre dos. Attendez qu’il vous regarde et ignorez tous les autres comportements. Cliquez et donnez-lui une gâterie s’il y a eu contact visuel !

Si on veut rajouter de la difficulté et travailler avec une bonne alternative, mettez en place le jeu du «Look at that !»Ceci enseignera à votre chien que s’il regarde une distraction (un jouet ou un chien, par exemple), il peut avoir une récompense. Mais ceci lui enseigne surtout à ne pas courir vers la distraction, ne pas japper ou ne pas grogner après.

Votre chien apprend juste à garder son focus et à rester avec vous, même avec des distractions autour de lui :

4. Chien qui jappe lors des promenades : C’est moi que tu suivras!

Lorsqu’on se promène avec un chien réactif aux autres chiens, il faut éviter à tout prix de le mettre en situation où il réagit (jappe, tire, grogne…). Le fait de répéter ces occasions où votre chien est dans un tel état de stress ou de frustration qu’il adopte des comportements désagréables n’est pas une bonne solution.

«Oui mais il faut pourtant qu’il s’habitue !»  À votre avis, si je vous mettais une grosse araignée sur votre main dès que j’en ai l’occasion, vous finiriez par vous habituer ?
Votre chien a besoin que vous l’aidiez à sortir d’une situation qui le stresse ou qui le frustre.

En parallèle d’un protocole d’entraînement établi avec un éducateur canin, il convient de protéger ledit entrainement en changeant de direction à la vue d’un autre chien :

• Travaillez à la bonne distance : votre chien a vu l’autre chien mais ne réagit pas encore.
• Changez de direction tout de suite et rappelez votre pitou d’un ton joyeux (souvenez-vous les exercices de rappel !)
• Récompensez-le de vous suivre et enfuyez-vous ailleurs ensemble.

Si jamais c’est trop tard et que votre chien réagit, faites exactement la même chose : rappelez-le le plus joyeusement du monde vers vous, montrez-lui vos gâteries (Son caviar à lui! Vous pourriez même cuisiner les gâteries de votre chien avec ses aliments favoris!). Puis, fuyez ensemble vers un monde meilleur! Entraînerez-vous l’agression chez votre chien? Non! Vous récompenserez le dernier comportement produit par votre chien… Revenir vers vous!

5. Entrainement à la muselière

Il ne faut pas se voiler la face : les règlements concernant les chiens dangereux n’ont de cesse de changer, et nous devons les respecter. Prenez donc les devants et apprenez à votre chien à aimer porter la muselière. Vous ne savez jamais quand vous en aurez besoin et votre chien sera le premier à payer l’urgence du dernier moment.

Un conseil pour le choix de la muselière : choisissez-en une de type panier, dans laquelle votre chien peut manger et sortir la langue pour mieux respirer.

Débuter l’entraînement à la muselière avec votre chien :

• Présentez d’abord la muselière à votre chien et donnez-lui une gâterie.
• Puis, commencer à nourrir votre chien à travers la muselière. On ne veut pas encore la lui mettre, c’est lui qui fait le choix de mettre son museau dedans pour accéder à la gâterie au bout de vos doigts. Répétez plusieurs fois.
• Une fois que vous êtes sûr que votre chien est à l’aise de mettre son museau dedans, allongez la durée avant de le récompenser.
• Vous finirez, à force de répétitions et d’observations de votre chien, par attacher la muselière sans problème.

Attention à ne pas aller trop vite et respecter toujours le choix de votre chien. On ne lui impose rien, c’est lui qui choisit de coopérer. S’il ne veut plus le faire, c’est qu’on est allé trop vite. On recule donc de deux phases et on recommence.

Voici une vidéo qui pourra bien vous guider: 

Article rédigé par Dorothée Pâris Pasturel, intervenante en comportement canin

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«Mon chien est incontrôlable en laisse dès qu’il voit un autre chien.»
«Mon chien veut tuer tous les cyclistes qu’il croise.»
«Mon chien jappe constamment à l’approche du parc à chiens.»

Ces phrases, nous les entendons souvent en tant qu’éducateurs canins. Je suis sûre que beaucoup d’entre vous vivez des choses semblables avec votre ami. Les milieux urbains sont d’autant plus de viviers de ce type de cas : la restriction de la laisse, les nombreux stimuli, les bruits intenses de la ville, la foule… Les promenades en ville sont souvent une épreuve pour beaucoup d’entre nous.

De ces folles péripéties ont découlé bon nombre de mythes sur la réactivité du chien. Notre mode de vie urbain, depuis plusieurs décennies a beaucoup influencé la façon dont nos chiens réagissent à l’extérieur. Souvent impuissants face à ces comportements problématiques qu’adoptent nos pitous, nous avons donné naissance à plusieurs théories sur le pourquoi de l’apparition de ces comportements.

1. Mon chien est dominant

C’est souvent l’explication préférée du tout venant. Le mythe de la dominance chez le chien a encore bon train dans nos esprits. Malgré les récentes explications scientifiques behaviouristes qui n’ont de cesse de répéter que la domination n’existe pas, les mentalités ont du mal à l’accepter.

«Mon chien s’excite et tire sur sa laisse à la vue d’un autre chien, il jappe, grogne et devient incontrôlable. C’est sûr qu’il veut le dominer, sinon pourquoi ferait-il tout ça ?»

Ce qu’on appelle réactivité canine est en fait l’expression d’une émotion. Il existe plusieurs causes expliquant pourquoi un chien devient réactif à certains stimuli. Cela peut être de la peur, de la frustration ou de l’excitation. Dans l’une ou l’autre de ces causes, le comportement adopté aura une fonction de distancement ou de rapprochement. Ici, on ne parle pas de dominance : le chien veut s’approcher de quelque chose ou au contraire l’éloigner. Parce qu’il en a envie ou parce qu’il en a peur. Tout simplement.

2. Mon chien est méchant

Ici, c’est la même idée. Qu’est-ce qu’un chien méchant au juste ? Est-ce un chien qui grogne, qui charge, qui montre les dents, qui aboie aux passants ?

Un chien qui mord le facteur sera étiqueté comme chien méchant. De la même façon qu’un chien qui grogne face à l’approche d’un enfant sera un chien méchant.

Prenons cet exemple : un cambrioleur entre chez vous durant la nuit. Vous l’entendez et vous avez peur. TRÈS peur. Fort de votre courage, vous vous approchez doucement, muni d’une arme ramassée au passage (un balai). Et BANG ! Sur la tête de l’intrus. Il tombe au sol et vous appelez la police.

Bon, certes, il s’agit là plutôt du passage d’un film d’épouvante. Mais au final : accepteriez-vous qu’on dise de vous que vous êtes une personne méchante ? Diriez-vous que c’était de la légitime défense ? Que c’était pour vous protéger ? Et oui, sans aucun doute. Pourtant, vous avez violemment assommé une personne qui ne vous avait pas agressé directement. Alors, quoi penser ?

C’est la même chose pour le chien, il a peur. Lui n’a finalement aucun contrôle sur les intrus qui entrent chez lui ni sur les nombreux éléments apeurants de la ville. Et en plus, il est attaché en laisse. Son niveau de contrôle sur ce qui lui fait peur est de zéro. Il est donc tout naturel pour lui que d’exprimer sa peur ou sa frustration. Il veut seulement se protéger.

Il est donc important pour son propriétaire de bien connaître le langage canin afin de savoir comment aider son chien.

3. Certaines races sont plus agressives que d’autres

Chaque époque a eu sa tête de turc : le Berger Allemand, le Doberman, le Rottweiler et maintenant le Pitbull.

Récemment, la presse a beaucoup parlé de plusieurs cas de morsures, notamment celles de chiens de type Pitbull. Cependant, bien que ces incidents soient très regrettables, bon nombre d’études et de sondages, notamment ceux de l’Ordre des Médecins Vétérinaires du Québec, prouvent aujourd’hui que les Pitbulls ne sont pas les chiens qui mordent le plus.

Peu importe la race du chien : si celui-ci a été éduqué dans la peur, dans la punition ou dans la violence physique, il deviendra très probablement dangereux pour la société. Bannir une race de chien s’avère donc une solution inefficace.

Qui sont vraiment ces chiens qui mordent?

Par ailleurs, la majorité des cas de morsures proviennent de chiens de famille ayant mordu l’un de ses membres : un gentil Labrador ou un mignon petit Chihuahua par exemple. Parce qu’un enfant lui a pris son jouet ou s’est assis dessus ou encore parce qu’un adulte lui a marché sur la patte. Les explications peuvent être multiples, et dans la majorité des cas circonstancielles.

Cessons donc de nourrir ces discours discriminatoires et racistes envers nos pitous. Tous les chiens peuvent mordre !

4. Je dois punir un chien réactif

Pourquoi sommes-nous poussés à punir notre chien réactif ?

Une autre solide croyance : un chien DOIT être puni s’il n’est «pas gentil». Il faut être sévère avec un chien «têtu», «dominant» ou «agressif».

«Oui madame, c’est pour mieux lui montrer qui c’est qui commande et lui indiquer qu’il s’est mal conduit !»Dans le fond, cette pensée est compréhensible : il n’y a pas si longtemps, nous donnions des fessées «aux enfants pas sages». Difficile de revenir de plusieurs décennies d’éducation correctionnelle.

Et puis, avouons-le : c’est un bon défouloir, n’est-ce pas ? Un chien qui aboie sans cesse, qui tire, qui nous fait mal tellement il tire, qui saute et qui nous entraine avec lui… «ÇA SUFFIT !» Et hop, un coup sec sur la laisse. Peut-être une tape sur le museau, parce qu’on est tellement énervé. Et hors de contrôle.

C’est cela : hors de contrôle. Votre chien aussi est dans cet état. Et cela vous fait basculer avec lui dans un purgatoire. Le purgatoire de la marche en laisse.

La punition ne fonctionne pas, pourquoi ?

N’avez-vous jamais remarqué que la violence entraine la violence ? C’est un réflexe naturel après tout : tu me tapes, je te tape (difficile de tendre l’autre joue, non?)
Cependant, est-ce que c’est vraiment la solution pour résoudre un problème ? Est-ce qu’un coup sur la nuque de votre employeur à chaque fois que vous oubliez un élément important dans votre projet va vous faire travailler mieux ? Ou aimer votre travail au final ?

Revenons de chez les Cro-Magnons et envisageons d’aider notre chien dans ses moments de détresse plutôt que de le punir d’avoir peur. La violence, petite ou majeure NE MARCHE PAS. Elle n’éteint pas la cause du comportement.

Par exemple, si votre chien jappe lorsqu’il croise un passant car il a peur, et que vous le corrigez via la laisse, il est possible qu’il cesse de japper. Toutefois, l’émotion sous-jacente, la crainte, sera toujours présente. Il aura appris à ne pas japper… Mais en viendra-t-il à mordre? Sachez qu’il en va de même pour l’utilisation d’un collier électrique quand votre chien grogne ou jappe en laisse.

Et, c’est la même chose si votre chien est frustré car il n’a pas accès au chat ou au chien situé à quelques mètres; le punir risquerait d’envenimer la situation. À cet effet, je vous conseille notre article suivant : Les méthodes positives fonctionnent-elles pour régler les cas d’agression canine?

Mieux comprendre le chien réactif

Un chien n’en vient pas à aboyer, à charger, à tirer sur sa laisse comme un démon sans raison. Il n’est ici ni question de méchanceté, de dominance ou de race. On parle plutôt d’émotions excessivement puissantes qui mettent votre chien hors de lui… Et vous aussi! 😉 Et les solutions?

Essayons de voir à travers cette réaction en laisse et voyons comment nous pouvons la travailler. Avec notre chien et non contre lui!

Article rédigé par Dorothée Pâris Pasturel, intervenante en comportement canin

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