Stress, doute et angoisse… Les parasites en éducation canine
Le sacro-saint entraînement, celui où nous passons parfois du rire aux larmes, de l’euphorie au doute, de l’exhalation au dépit…
Qui de nous n’a jamais vécu ce geyser d’émotions sur le terrain, au club canin ou encore à la maison… Peu d’entre vous, peu d’entre nous à n’en pas douter !
Nous allons tenter de mettre l’accent sur ces doutes, questionnements et autres stress qui peuvent parfois parasiter nos entraînements et proposer des pistes de solutions.
L’éducation de votre chien et la connaissance de soi
L’un des premiers facteurs à prendre en compte lors de la mise en place d’un entraînement n’est autre que de se connaître au mieux…
En effet, nous sommes à l’initiative des séances mises en place et il est judicieux de savoir quand nous pouvons mais surtout à quel moment nous ne sommes pas en mesure d’effectuer un travail efficace dans une relation qui se voudra harmonieuse et positive.
Stressés par une journée éreintante, exaspérés par les devoirs des enfants, épuisés par divers échecs consécutifs, nous ne sommes pas en mesure de fournir à notre animal un cadre de travail positif, agréable et adapté.
Il est donc essentiel de savoir identifier ce qui pose un soucis avant, pendant et même après la séance pour ne pas que celle-ci se voit associée à un potentiel négatif qui pourrait alors impacter dès sa mise en place, voire les séances à venir.
Une manière efficace de travailler peut être le fait de mettre en place un horaire qui nous permettra de varier les activités avec notre chien, mais aussi de nous ménager des plages au cours desquelles nous pourrons nous poser et partager quelques exercices avec lui. Il est prouvé que faire un journal permet de voir son travail évoluer de manière importante. De plus, étant des êtres d’habitudes, nous allons d’une part trouver du temps pour nos activités et, d’autre part, pouvoir notifier ce qui convient ou non, quels sont les moments adéquats, les lieux problématiques, les apprentissages à améliorer.
1. Un lieu, un moment… pour tout !
Nous sommes les acteurs de première ligne, à nous de nous montrer judicieux quant à l’endroit, au moment, aux conditions auxquelles nous soumettons nos Loups.
Où faire les séances d’apprentissage avec son chien
L’endroit qui va accueillir notre séance de travail doit s’avérer adapté au niveau déjà atteint par notre compagnon de route. Un chiot sera distrait ou encore inquiété par une situation nouvelle, un chien quelque peu plus fougueux pourra voir son attention s’envoler vers un élément qui vous semble anodin… Choisissez donc un endroit adapté à l’apprentissage mis en place !
Ainsi, il sera judicieux de se placer dans un endroit calme, exempt de distractions inutiles, avec un chien qui peut se voir rapidement déconcentré ou stressé, a fortiori lors de la mise en place d’un nouvel apprentissage.
De plus, les chiens ne généralisant pas, il sera donc essentiel de varier les espaces pour permettre la mise en place sûre et efficace d’un exercice avant de pouvoir l’affirmer acquis.
… et quand les faire?
Le moment où vous allez «travailler» et réaliser avec votre chien une activité éducative ou ludique va dépendre de nombre de facteurs dont nous n’avons pas toujours conscience.
Ainsi, si votre compagnon reste à la maison la journée et que le temps n’est pas à la fête, pourquoi ne pas proposer avant votre départ une séance de tricks (Les cours où l’on apprend des tours de fantaisie à son chien), de flair (ou détection d’odeurs si vous préférez!) ou encore de fitness canin ? En plus de l’amener à réfléchir, et même si cela vous semble moins fatiguant qu’une course folle au parc canin, il vous est possible de solliciter nombre de groupes musculaires importants dans la pratique d’un sport canin en quelques minutes et au cœur d’un espace restreint.
Petit à petit, de jour en jour, de séance en séance, vous allez pouvoir augmenter progressivement le degré de « difficulté » proposé… Un critère à la fois, de manière graduelle, et votre toutou va doucement s’améliorer.
2. Bien connaître son compagnon canin
Qui a eu plusieurs chiens le sait mieux que personne : chacun est différent…
Outre le fait qu’il faut tenir compte de la race du chien, de son sexe, de son âge… Chaque individu aura ses préférences, ses capacités, ses forces et ses faiblesses.
Alors que certains chiens seront excités par la routine d’un entraînement planifié, d’autres y trouveront un réconfort qui les rassurera.
Quand l’un de nos chiens nécessitera une activité sportive quotidienne, une sortie longue et des jeux de flair, d’autres s’épanouiront d’une balade, de quelques tricks et de câlins.
Soyons attentifs à leurs besoins et, si nous possédons plusieurs chiens, n’hésitons pas à proposer à chacun d’eux des moments qui leur sont propres avec des activités pertinentes et adaptées à leurs goûts.
De plus, il convient de savoir également que nos compagnons sont soumis à l’influence de l’inné et de l’acquis… De ce fait, il sera essentiel d’en tenir compte afin de mettre le doigt sur des aspects qui pourraient se voir mués en soucis d’entraînement et/ou de vie quotidienne.
3. L’inné chez le chien
En fonction du potentiel génétique qui est le sien, de par sa race sélectionnée selon certains critères précis ou le choix de ses parents, votre chien vous arrivera avec une part non négligeable d’informations inscrites dans son ADN.
Ainsi, il est aujourd’hui de notoriété publique que la réactivité présente un histogramme génétique important. En d’autres mots : certes, l’éducation que vous donnerez à votre chien aura un impact… mais il convient de ne pas négliger que le caractère des parents (et plus si affinités) est également à prendre en compte.
Si vous en avez la possibilité, prenez le temps, renseignez-vous au maximum quant aux ascendants de votre partenaire de vie. Cela vous permettra de connaître les grandes lignes de son caractère et d’ajuster votre travail à celui-ci. D’ailleurs, le choix d’un bon éleveur de chiens vous permettra d’avoir un maximum d’informations sur votre chiot. Plus l’éleveur porte attention à la génétique de ses reproducteurs, plus vous allez être sûr de son tempérament.
Ayant adopté votre chien dans un refuge, vous ne savez pas quels sont les antécédents de votre compagnon à cet égard ? Pas d’inquiétude ! Nous sommes nombreux dans cette situation… Il convient alors d’observer au mieux les actions et réactions de celui-ci afin de prendre des décisions pertinentes et judicieuses visant à renforcer les aspects que nous souhaiterions voir se reproduire et diminuer drastiquement les problématiques gênantes, jusqu’à ce que celles-ci ne nous posent plus de soucis.
4. L’acquis chez le chien
Outre le fait que votre compagnon soit génétiquement prédisposé à certains comportements, tout ce qui surviendra depuis sa naissance jouera également un rôle considérable dans son apprentissage.
Du choix de l’éleveur au déroulement de la gestation, de la croissance au sein de la fratrie aux expériences vécues dès son arrivée, veillez à tout mettre en œuvre pour que l’entraînement de votre chien se déroule au mieux et ce, de la manière la plus positive possible.
Contrairement à ce que l’on pense souvent, celui-ci commence par le biais de la vie quotidienne et des expériences dès le premier jour de vie du chiot! N’hésitez pas à discuter avec votre éleveur, lui expliquer vos attentes, votre mode de vie ainsi que votre manière de voir les choses. Cela aidera à choisir le bon chiot pour vous!
Témoignage sur l’entraînement des chiens
«Nous avons à la maison deux sœurs, nées de nichées identiques réalisées à deux ans d’intervalle : Night… and Day ! Original, non? Dès les premiers contacts avec Cécile, qui les a vu naître, nous avons abordé le sujet de la cage qui nous est essentielle pour les trajets en voiture ainsi que la sécurité des chiens en concours.
De ce fait, elle a mis en place une approche préalable à celle-ci avec nos chiots afin de désacraliser la cage et la rendre naturellement positive et agréable. Bingo! Nous n’avons jamais eu le moindre soucis à cet égard et nos deux Borders Collies ont toujours assimilé cet endroit à un espace de calme et de bien-être.»
Il est donc essentiel de savoir ce que l’on souhaite et surtout de se montrer vigilant car cet aspect aura des conséquences importantes sur votre vie, vos entraînements et le développement de votre Loup.
5. Identifier les situations anxiogènes pour votre chien
Que nous soyons au club canin ou à la maison, nous ne sommes pas à l’abri de nous retrouver pris au piège d’une situation qui va mener notre compagnon à quatre pattes à douter ou engendrer un stress tel que tout apprentissage se verra impossible.
Il est donc essentiel de pouvoir mettre le doigt sur les signes annonciateurs d’un mal- être, quel qu’il soit, afin de l’éviter, d’y remédier ou, plus simplement parfois, de modifier ou interrompre une séance.
La clé de voûte de ce travail de titan ? L’observation !
Un bruit, un véhicule, la présence d’un autre chien… À vous de mettre tout ce qui est possible en œuvre pour vous assurer que Médor travaille dans la situation la plus adaptée pour favoriser son apprentissage!
Observez, analysez, regardez et, si nécessaire, demandez l’aide d’une tierce personne afin d’identifier ce qui s’avère ou non porteur, ce qui aide ou pénalise, ce qui favorise l’apprentissage ou le met en péril.
Témoignage sur le dressage d’un chien :
«Dexter, mon Border de sept ans, est particulièrement stressé par les voitures. Lorsqu’il était plus jeune, j’ai vécu quelques entraînements d’agilité complexes car nous travaillions sur l’un des terrains avec vue directe sur le stationnement du club canin. Au départ, n’étant pas parvenue à identifier ce qui posait soucis, je ne comprenais pas pourquoi il était « instable » : parfois très concentré, il pouvait refuser de travailler, se figeant pour rejoindre sa cage… Ce n’est qu’en me montrant attentive que j’ai compris que chaque véhicule qui entrait ou quittait le stationnement était pour lui une source importante de stress.
La solution fut aussi simple qu’évidente : nous avons décidé de ne travailler que sur un terrain adjacent d’où il ne voyait pas ces voitures, renforçant le terrain de proximité alors que le parking était vide et au gré d’exercices simples et motivants. Au fil du temps, nous sommes parvenus à réduire, voire même effacer, ces situations problématiques pour pouvoir maintenant travailler sans nous soucier de ce facteur. Pari gagné !»
Article rédigé par Aline Robert, spécialiste en comportement canin et éleveuse de Borders Collies
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