Cette phrase, souvent entendue, incite à la réflexion et tente d’éviter l’étiquetage automatique d’un chien suite à un événement tragique. Elle explique que la plupart des mauvaises décisions d’un animal sont souvent issues d’une éducation manquée, de conditions de vie difficiles et d’un manque d’écoute de la part du maître.
Elle encourage, par exemple, les gens à réfléchir sur ce qui a motivé le chien à attaquer, mettant en lumière la peur, l’irritation et le besoin viscéral de se protéger.
Si cette expression a son utilité et qu’un appel à la réflexion est toujours une bonne chose, son utilisation à outrance peut cependant devenir très culpabilisante pour les maîtres ayant un « chien à problème », quelle que soit la source des difficultés.
Que ce soit à cause de l’inexpérience du maître, d’expériences antérieures difficiles, d’une mauvaise génétique ou tout simplement un problème neurologique chez l’animal, il n’y a pas juste les mauvais maîtres qui ont des chiens problématiques!
Si chaque chien a son histoire, chaque maître a également la sienne!
Lola venait d’un refuge
C’était une superbe chienne qui avait réussi à mettre de côté son passé difficile afin de se concentrer sur sa nouvelle vie. Lola n’était pas une « chienne à problème ». Sauf qu’elle avait peur du noir. Elle avait peur la nuit. Elle avait peur des sacs de poubelles. Elle avait peur des manteaux noirs. Et parce qu’elle avait peur, Lola grognait. Elle grognait après les gens qu’elle croisait la nuit. Elle grognait après les ordures. Elle grognait après les gens qui sortaient leurs poubelles. Elle grognait l’hiver après les gens qui portaient les gros manteaux noirs si effrayants. Sarah, la maîtresse de Lola, comprenait sa peur et son manque d’assurance.
Elle savait que sa chienne grognait juste pour éloigner les méchantes choses noires et leur dire de se tenir à distance. Mais ça devenait quand même gênant… La plupart des gens étaient indulgents. « Elle vient d’un refuge… » était devenue la phrase magique pour expliquer le comportement de sa chienne. Mais tous n’étaient pas si compréhensifs à l’égard du chien grogneur. Lola n’était pas une mauvaise chienne. Il était difficile de savoir ce qui avait créé cette peur. Sarah se mit à sortir Lola à des heures où il y avait peu de gens, lui donnant ainsi un répit.
Elle se mit à associer des moments agréables aux choses qui faisaient si peur à Lola, à faire les activités que la chienne trouvait les plus amusantes au monde… la nuit! À faire la fête lorsqu’elles croisaient quelqu’un avec un manteau et à faire la fête devant les sacs-poubelle. Et surtout, Sarah laissa le temps à Lola d’apprivoiser toutes ses frayeurs à son rythme.
Aujourd’hui, Lola n’a plus peur du noir. Elle ne grogne plus. Certains ont pu penser que sa maîtresse était une mauvaise maîtresse lorsque la chienne émettait des grognements, qu’elle avait mal « dressé » son chien. Mais Lola avait juste besoin d’un peu de temps…
Némo, acheté en boutique pour animaux
C’était le premier chien de Sophie. Celle-ci ne savait pas trop ce qu’elle faisait. Elle reçut dès le départ de très mauvais conseils. Comme c’était l’hiver, on lui dit que son chien était trop fragile pour aller dehors. Le chiot passa sa période de socialisation à l’intérieur, à ne rien voir du monde extérieur. Le printemps venu, son chiot se mit à japper après tout ce qui bougeait lors des promenades. On lui dit que son chien était dominant et qu’elle devait le soumettre. Némo devint stressé, prêt à s’élancer sur tout!
Il commença à mordre… Réalisant que les choses n’allaient pas du tout, Sophie fit venir un comportementaliste canin. Des protocoles de désensibilisation furent établis et les choses s’améliorèrent peu à peu. Sophie, après de longues discussions avec son vétérinaire, dut cependant faire médicamenter Némo afin de le détendre.
Sophie a certes fait des erreurs, mais Némo était à la base un chien avec une mauvaise génétique et de grandes propensions à être nerveux. Les médicaments aidèrent beaucoup son chien. Sophie continue à ce jour à faire découvrir à Némo le monde autrement, à l’entraîner et à le désensibiliser. Elle refuse d’être « une mauvaise maîtresse ». Elle est déterminée à faire de son mieux pour aider son chien à être heureux.
Pinotte, donnée sur un site de petites annonces
Laurent avait trouvé Pinotte sur un site de chien à donner. Ses anciens maîtres avaient décidé qu’il ne voulaient plus d’elle. Pinotte n’avait pas de problèmes. Seul pépin, la chienne avait grandi et avait été socialisée à la campagne.
La ville, par contre, c’était toute une autre histoire! C’était plein de sons, pleins d’odeurs, pleins de gens, pleins de voitures, pleins de chiens. Et ça n’arrêtait jamais! Devant le surplus de stimulation, Pinotte devint réactive. Elle voulait se jeter sur les chiens. Elle jappait après les voitures. Elle n’était pas bien. La ville, c’était trop pour elle.
Laurent prit les choses en main. Il fit des activités avec elle, l’amena jouer au parc souvent, organisa des sorties avec des amis canins que Pinotte tolérait bien. Malheureusement, la vie étant ainsi faite, Laurent dut déménager pour son travail.
L’adaptation à ce nouvel environnement fut difficile. En maître consciencieux, Laurent tenta de refaire des amis canins à Pinotte, mais ses problèmes de réactivité rendirent la tâche ardue. Il y avait aussi beaucoup moins d’endroits accessibles dans son nouveau coin. Puis Laurent rencontra une fille. Un bébé arriva. Moins de temps pour Pinotte. Malgré tout, Pinotte va bien. Pinotte était une superbe chienne à l’intérieur, c’était à l’extérieur que tout se gâte. Laurent doit éviter les autres chiens et être très vigilant. Il l’aime et lui consacre encore beaucoup de temps, même s’il en fait moins qu’avant. Il fait de son mieux.
Elle n’a jamais été une mauvaise chienne. Elle a simplement déménagé dans un environnement auquel elle n’a jamais pu s’adapter. Et Laurent ne pouvait pas s’empêcher de tomber amoureux, d’avoir une carrière, de se bâtir un futur et de fonder une famille dont Pinotte fut la pierre d’assise !
Princesse, élevée à la dure
C’était comme ça qu’elle avait toujours fait. Elle utilisa un étrangleur, elle montra à Princesse qui était « la patronne ». Heureusement, Ginette restait aussi à l’affût des nouvelles tendances en éducation canine. Elle utilisa de plus en plus de gâteries et de félicitations et de moins en moins de correction pour graduellement complètement changer de façon de faire. Elle a pu observer de ses yeux les dommages que des méthodes brusques ont pu faire, lorsqu’utilisées sur certains chiens.
Heureusement, Princesse a peu de séquelles des anciennes méthodes utilisées par Ginette. Celle-ci en est d’ailleurs très soulagée. Malgré les grandes erreurs de sa maîtresse, Princesse va bien. Elle aurait pu développer des peurs, de l’agressivité ou de l’insécurité. Ginette a vu des chiens élevés avec des méthodes moins dures que celles qu’elle utilisait rester marqués pendant longtemps! Princesse était, à la base, une très bonne chienne, très résiliente. Ginette est reconnaissante pour la belle génétique et le bon tempérament de sa chienne. La situation aurait pu dégénérer, mais Ginette a pu compter sur Princesse pour lui pardonner ses erreurs.
Quatre situations très différentes
Tantôt un « mauvais maître », tantôt un « mauvais chien ». Quatre situations difficiles à déchiffrer au premier coup d’œil et surtout faciles à juger sans connaître les détails. Certains chiens sont en processus de désensibilisation. D’autres ont du mal à s’ajuster. Certains, comme nous, ont quelquefois des limites, des problèmes que tous les efforts de leur propriétaire ne peut faire disparaître. Et d’autres fois, ils sont simplement victimes du manque de connaissance d’un maître inexpérimenté qui ne peut se retrouver dans l’abondance de conseils. Et certaines fois, juste pour tout contredire, il n’arrive rien malgré toutes les erreurs que quelqu’un a pu faire !
Les gens font des erreurs. C’est normal. Les isoler ne les aidera pas. Ni eux ni leurs chiens. Plutôt que de lancer des remarques acerbes, tendez la main. Éduquez-les. Encouragez-les. Soutenez-les.
Si tous les chiens à problème ne sont pas nécessairement de mauvais chiens, tous les maîtres avec des chiens à problème ne sont pas nécessairement des mauvais maîtres…
Article rédigé par Ève Laforest
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Éric dit
Très bon votre blogue!
Astrid B. dit
Je suis tout à fait d’accord avec votre article. Etant moi même propriétaire d’un chien réactif suite à une attaque, je me « bat » tous les jours pour que mon chien aille mieux et je commence à voir un résultat plutôt positif depuis quelques jours ( cela fait 3 ans que nous travaillons dur tous les deux) et grâce à vos conseils, Isko fait des progrès. C’est peut être long aux yeux de certains, mais je lui laisse le temps de ce remettre tranquillement, a son rythme. Et c’est vrai que certaines personnes me jettent des regards bizzard quand il jappe mais je m’en fiche. Moi je sais qu’il est gentil et sociable et qu’il a eu une mauvaise expérience qui la rendu réactif. Continuez à aider les maîtres comme vous le faites.
Anne Claire Boulet dit
maîtresse d’un yorkshire de 14 mois, je trouve vos conseils très intéressant j’apprend beaucoup avec votre site .
le seul « reproche » vs parlez rarement des chiens de petites races a savoir si les conseils sont bons pour toutes les races ou pas ?
Merci pour tout
Jessica Pelletier dit
Bonjour Anne Claire,
Nous sommes heureux de savoir que nos articles sont appréciés par les lecteurs. De plus, généralement tous les conseils/informations donnés sont pour toutes races de chiens confondues. Si ce n’est pas le cas, nous l’indiquerons dans l’article. 🙂