Il est indéniable que les méthodes d’éducation canine axées sur l’usage des gâteries comme récompense ont gagné en popularité au cours des dernières années. L’idée reste intéressante, mais encore faut-il bien le faire et éviter de tomber dans les pièges. De nombreuses questions se posent : Est-ce quelque chose de recommandé ? Quelles gâteries doit-on utiliser ? En quelle quantité ? À quelle fréquence ?
Pourquoi utiliser des gâteries pour entraîner son chien ou son chiot ?
La principale raison d’utiliser des gâteries dans l’éducation de son chien est pour augmenter les chances qu’un comportement précis se produise. Pour cette même raison, il s’agit d’une bonne option à envisager également lorsqu’il y a le besoin de créer une association positive dans une situation donnée. Les friandises pour un chien sont bien souvent la clé de sa motivation, ce n’est pas une question de lui donner un pot-de-vin, mais plutôt de l’encourager avec quelque chose qui a une valeur concrète à ses yeux.
Un salaire sous forme de nourriture pour son chien
Une gâterie de basse valeur, c’est un peu comme une pièce de 1$ alors qu’une gâterie de haute valeur, c’est plutôt comme un billet de 100$. Tout comme vous, le chien sera plus motivé selon la valeur de ce qui lui est proposé pour compenser la difficulté de ce qui lui est demandé.
Pour un comportement facile dans un environnement tout aussi aisé, tel que assis à la maison ou marcher calmement dans une ruelle désertée, quelque chose de basse valeur suffira amplement alors que pour un comportement plus complexe, comme le rappel dans un environnement très stimulant ou le changement d’une émotion négative à une émotion positive, dans un cas de chien réactif en laisse par exemple, une friandise de haute valeur sera plus appropriée.
Comment savoir quelles friandises mon chien préfère ?
Eh oui, votre chien peut faire des choix et déterminer quelle est sa friandise préférée ! La meilleure façon de le savoir est de s’en procurer plusieurs variétés et de les proposer au chien de façon comparative, puis de noter l’ordre de préférence que celui-ci aura démontré. Pour ce faire, mettre une friandise A dans une main et une friandise B dans une autre main, puis tendre les deux mains côte à côte devant le chien. Ensuite, noter la friandise que le chien aura choisie en premier et comparer cette même friandise préférée à une suivante et ainsi de suite. De la sorte, il est possible d’établir lesquelles le chien préfère et selon quel ordre.
À noter que cette échelle peut changer. Par exemple, si vous donnez sans cesse à votre chien sa friandise préférée, il se pourrait qu’après un certain temps, une autre moins utilisée vienne prendre la première place. N’hésitez donc pas à varier les types de gâteries.
Quelles gâteries utiliser pour l’entraînement canin ?
Il n’y a de limite que votre propre créativité, les éventuelles allergies alimentaires que pourrait avoir le chien et bien sûr, le plus important, ses préférences à lui ! En fonction de la situation, de la difficulté de votre demande et de si c’est un nouvel apprentissage, il est possible de varier les friandises pour qu’elles soient adaptées et gardent une valeur appropriée.
D’un côté, les gâteries de basse valeur peuvent être utilisées pour récompenser une situation qui soit facile pour le chien, dans un environnement peu distrayant et/ou pour une demande déjà bien apprise :
- Croquettes
- Biscuits pour chiens
- Petits bouts de fruits ou légumes
À l’inverse, les friandises de haute valeur devraient être réservées pour récompenser une situation qui est plus difficile, physiquement ou émotionnellement, pour le chien, dans un environnement plus riche en distraction et/ou pour un nouvel apprentissage qui n’a pas encore été bien maîtrisé :
- Viande bouillie
- Fromage
- Saucisse à hot-dog
- Foie de bœuf
- Charcuterie
- Craquelins au fromage
- Nourriture en pâté
- Sardines
Les exemples de gâteries de basses ou hautes valeurs citées précédemment ne sont que des exemples généralisés, c’est le chien lui-même qui sera le meilleur témoin de la valeur que certains aliments ou saveurs auront pour lui.
Pour la nourriture molle, vous pouvez l’utiliser en entraînement en la mettant dans une petite bouteille en silicone. Vous en trouverez dans la section camping de votre magasin de plein air, les bouteilles servent normalement à mettre du shampooing et du savon.
5 mythes sur l’utilisation des friandises en entraînement canin
Plusieurs mythes circulent au sujet des gâteries en entraînement canin. Malheureusement, ces mythes poussent souvent les gens à utiliser des techniques plus aversives.
Voici quelques articles pour en apprendre davantage sur les méthodes d’entraînement aversives :
- Tout savoir sur l’utilisation du collier étrangleur en entraînement canin
- Devrais-je punir mon chien s’il fait quelque chose de mal ?
- Comprendre et différencier les différentes méthodes d’éducation canine
- ATTENTION ! Avez-vous déjà utilisé l’une de ces méthodes de dressage canin ?
#1 Les gâteries vont rendre mon chien obèse
Il s’agit d’un des mythes les plus tenaces que l’apprentissage par les friandises favorise forcément l’obésité à cause de l’apport alimentaire, et donc calorique, que cela engendre. En réalité, même les croquettes du chien peuvent servir de récompense principale si celui-ci les apprécie suffisamment pour que ce soit motivant. Il est possible également de les mélanger avec un peu de foie de bœuf ou de saucisse à hot-dog pour augmenter la valeur puisque cela ajoutera un arôme plus appétissant dont les croquettes s’imprègneront.
Si la fréquence et/ou la durée des entraînements sont conséquentes, il est aussi possible de réduire les portions de nourriture pour prendre en considération la quantité qui aura été mangée de cette façon. Selon le chien, il est même possible de donner presque entièrement les repas de cette façon. C’est une excellente façon de stimuler le cerveau de votre chien. En effet, certains chiens ayant moins d’appétit ou s’ennuyant plus facilement seront plus motivés à manger via l’entraînement que simplement « gratuitement » dans un bol offert tel quel.
#2 Je veux que mon chien m’écoute parce qu’il me respecte
Contrairement à ce qu’il pourrait sembler, utiliser des gâteries ne veut pas dire que le chien n’aura pas de respect envers vous. Le chien n’a pas cette notion de chantage, il ne va pas se dire « je domine mon maître, je ne le respecte pas ». À vrai dire, le chien ne cherche pas à dominer l’humain, il n’est pas non plus strictement soumis ou dominant en général. Il n’existe aucun appui scientifique qui validerait le besoin d’avoir une forme de dominance ou hiérarchie sur le chien pour avoir son respect.
En fait, le respect d’un chien passe plutôt par le lien d’affection et de confiance qu’il développe avec son propriétaire. Une des bonnes façons de développer ce lien de façon adéquate est par le biais de l’éducation positive, qui encourage le chien dans l’apprentissage des bons comportements en utilisant quelque chose qui est apprécié par celui-ci. Il est important de comprendre que le chien serait davantage porté à vouloir faire ce qui fonctionne et qui est payant pour lui.
#3 Dès que mon chien ou mon chiot connaît la commande, je peux arrêter de lui donner des gâteries
Bien que ce soit en quelque sorte l’objectif à long terme, il n’est pas recommandé de cesser complètement de récompenser l’obéissance une fois les comportements acquis, au risque que le chien ne se désintéresse en se rendant compte qu’il n’y a aucune attente positive à en retirer. Un peu comme l’humain qui attend son salaire au bout d’une certaine quantité d’effort, le chien fera de même. Retirer complètement cet aboutissement finira par créer un désintérêt.
Avec l’habitude et l’éducation, il n’aura plus besoin de récompenses systématiques, mais il reste important de tout de même continuer d’en donner de façon aléatoire pour maintenir le niveau de motivation et d’anticipation de la possibilité de quelque chose de valorisant pour lui. C’est un peu le principe de quelqu’un dans un casino qui continua de jouer à la machine à sous en espérant recevoir le gros lot.
Néanmoins, il est à considérer que bien que les friandises sont la forme principale de récompense utilisée, il existe de nombreuses autres façons de récompenser le chien. Voici quelques idées de récompenses autres que les friandises ainsi qu’un exemple pour chaque :
- Un jouet : lancer la balle ou jouer à tirer la corde avec son chien lorsqu’il revient quand on l’appelle
- Un os ou un Kong à gruger : si le chien va sur son lit pendant que le souper est en train de cuire, il obtient un Bully Stick
- Le faire sortir dans la cour : le chien qui s’assoit devant la porte sagement aura accès à la cour
- Permettre à son chien de pourchasser les écureuils : le chien qui revient alors qu’il est en poursuite d’un animal pourra ensuite être libéré pour continuer la poursuite (attention à ce que le chien ne mette pas l’animal en danger. Assurez-vous que celui-ci ait rejoint un endroit sécuritaire avant de relâcher votre chien)
- Lui permettre de sentir : le chien qui ne tire pas en promenade sera récompensé par l’opportunité de renifler à sa guise.
N’importe quoi que le chien aime peut être utilisé comme une récompense !
#4 Mon chien n’est pas motivé par la nourriture
C’est une situation qui est somme toute très rare, puisque naturellement, un animal non motivé par la nourriture est un animal dont la vie est condamnée. Il est important de chercher des gâteries que le chien apprécie vraiment ; certains vont aimer presque n’importe quoi alors que d’autres peuvent se montrer excessivement sélectifs. À la fin, c’est le chien qui a le dernier mot ! S’il n’apprécie pas ce qui est proposé, cela ne sera pas une bonne source de motivation dans le cadre de son apprentissage. Soit il ne s’y intéressera pas du tout, soit il se démotivera rapidement.
Si le chien n’est jamais intéressé par la moindre friandise, peu importe la variété de saveur, texture, odeur et qualité proposées, ou qu’il est habituellement très motivé et gourmand, mais ne l’est pas à un moment précis, il sera important de s’interroger adéquatement :
- Votre chien est-il activement en situation de stress ?
- Votre chien est-il trop fatigué par une longue activité physique ou séance d’entraînement ?
- Votre chien est-il épuisé par une journée trop chaude et/ou humide ?
- Votre chien est-il malade ou en douleur ?
- Votre chien a-t-il un comportement un peu inhabituel ?
- Ou encore, vient-il de manger un repas il y a peu de temps ?
Si la réponse a ne serait-ce qu’une des questions précédentes se trouve être oui, il peut s’agir de la cause et il faudra le considérer. Un chien qui ne se sent pas bien ou qui n’a vraiment pas faim peut ne pas vouloir de gâteries, aussi appétissantes soient-elles.
#5 Les gâteries ne fonctionnent pas lorsque mon chien réactif voit un autre chien
Dans la bonne majorité des cas, cette situation s’explique aisément par le fait que le déclencheur est trop près pour le chien. La distance qui est considérée comme confortable dépend énormément du chien en lui-même, c’est-à-dire que cette distance est variable d’un chien à l’autre, il n’existe aucune règle préétablie à ce niveau.
Il faut commencer par évaluer la distance à laquelle le chien se montre suffisamment à l’aise pour ne pas être déclenché, c’est-à-dire qu’il doit être aisément sous contrôle et apte à accepter des récompenses, signe qu’il n’est pas en trop haute intensité de stress. Cette distance de sécurité est désignée comme étant la zone verte, c’est la zone idéale pour commencer à travailler le comportement problématique.
Au fur et à mesure que le travail est bien entamé et que le chien comprend les attentes (ex : regarder son humain et rester calme donne une récompense), il est possible de se rapprocher un peu plus du déclencheur, toujours de façon progressive et en évitant que le chien ne soit trop mal à l’aise. Il s’agit de la zone jaune, celle à travailler.
Par la suite, la zone à proximité du déclencheur, qui cause une réaction vive de la part du chien, est désignée comme étant la zone rouge, c’est la zone à ne pas franchir.
En travaillant avec un éducateur canin pour bien guider dans ce processus, il est possible de mieux comprendre les zones de réaction du chien, les respecter et éventuellement les diminuer alors que le problème est travaillé adéquatement pour changer l’émotion négative en une émotion positive.
Comment utiliser les gâteries pour entraîner mon chien ?
Il existe différentes façons d’utiliser les friandises selon ce qui doit être travaillé :
Apprendre un nouveau truc à son chien
C’est bien la raison la plus connue et la plus classique pour l’usage des friandises, c’est pratique pour tout ce qui est commandes, comme assis ou coucher, ou encore pour les comportements comme la marche en laisse, avoir un bon focus au besoin, le rappel, et même pour les commandes plus complexes et poussées, comme l’apprentissage de tours de fantaisie.
De plus, il existe différentes méthodes pouvant être employées pour l’apprentissage d’un nouveau comportement pour le chien. Ces méthodes peuvent se faire via l’entraînement au clicker, comme elles peuvent se faire sans cet outil.
- Leurre
- Façonnement
- Capture
Tout d’abord, il y a le leurre, qui comme son nom le suggère, consiste à utiliser quelque chose, une friandise ou autre, pour guider le chien à faire le comportement voulu. C’est de cette façon, par exemple, qu’agiter un bout de saucisse au niveau du sol en reculant légèrement devant un chien couché peut l’encourager à ramper.
Ensuite, il y a le façonnement, dont le principe est de récompenser un comportement offert se rapprochant du comportement final désiré, puis se montrer progressivement de plus en plus sélectif sur le comportement récompensé au fur et à mesure que le chien comprend et se rapproche davantage de l’objectif final. Un exemple serait le chien à qui on veut apprendre à appuyer sur un bouton avec son nez, il peut d’abord être récompensé de regarder le bouton, puis de le renifler, ensuite de le toucher et finalement d’appuyer dessus. Il s’agit d’encourager progressivement vers le comportement voulu.
En outre, il y a la capture, dans ce cas-ci, c’est de récompenser une action faite naturellement par le chien au moment précis où il fait le comportement voulu pour l’encourager à le reproduire de plus en plus régulièrement et par la suite, sur demande.
Un bon exemple est d’attendre que le chien fasse pipi pour le récompenser et éventuellement ajouter le mot pour lui apprendre à faire pipi sur demande ou encore, pour un chien qui aime s’étire après sa sieste, il serait possible de le récompenser quand il s’étire pour éventuellement qu’il fasse ce geste sur demande.
Changer l’émotion du chien face à un objet, une personne ou un endroit
Parfois négligées et pourtant très utiles, les gâteries peuvent être utilisées dans un protocole pour changer l’émotion du chien par rapport à quelque chose à laquelle il réagit négativement. Cela peut être :
- une situation
- un bruit
- un objet
- un lieu
- une personne
- etc.
Il n’y a pas vraiment de limite particulière, cela dépend de ce qui crée une émotion négative pour le chien afin qu’un travail approprié et progressif soit fait pour changer cette émotion négative en émotion positive.
La première étape consiste à ce que le déclencheur soit faible, soit en étant à distance où le chien ne réagit presque pas, soit en allant par étape vers ce qui est à désensibiliser. Par exemple, pour un chien qui déteste se faire tenir la patte, il faut souvent commencer par l’habituer à juste approcher sa main de la patte sans même la toucher. Pour un chien ayant peur des camions, il faut rester à une distance raisonnable de la route pour qu’il puisse analyser la situation sans être exposé excessivement, ce qui le stresserait trop pour être psychologiquement en mesure de se concentrer sur les récompenses.
Lorsqu’un élément déclencheur est assez faible pour que le chien le tolère, il faut l’associer à l’obtention d’une gâterie de valeur adéquate. Ainsi, au lieu d’associer le déclencheur à quelque chose qui lui fera peur, il apprendra peu à peu à l’associer avec l’attente d’une friandise appétissante. En faisant ainsi, l’attente négative se transforme en anticipation positive.
Ce processus est utile pour bien des problématiques ; pour la réactivité, les problèmes de manipulation, les peurs diverses et variées, la protection de ressources, etc.
Sortez vos pochettes à gâteries, c’est l’heure d’entraîner pitou !
En conclusion, l’usage de friandises en entraînement est un atout précieux pour favoriser l’apprentissage de bien des façons, que ce soit pour l’apprentissage d’un nouveau comportement ou encore pour la réhabilitation ou la correction d’un comportement problématique.
Cependant, comme pour tout apprentissage, il faut bien faire les choses et ne pas tomber dans les pièges classiques ou les préjugés. Par ailleurs, l’éducation positive demeure la méthode la plus respectueuse pour entraîner son chien en établissant un lien de confiance et de coopération volontaire. Faites le plein de friandises en toute sérénité et amusez-vous avec pitou !
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Article rédigé par Najawarie Roy
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