[Herding] Chiens de troupeaux : Ces erreurs qui poussent votre chien à attaquer le bétail

Mordra, mordra pas?

En contrôle de troupeau, la morsure est un outil que le chien a dans sa poche arrière.  Cependant celle-ci ne devrait être utilisée que rarement dans des situations précises et contrairement à la pensée populaire, même sur le bétail de plus gros gabarit. Mais la réalité c’est que beaucoup de chiens se font punir car ils mordent le bétail.  Il est certain que l’on se doit d’intervenir si un chien est hors contrôle, en course et mord les animaux, pour le bien-être du bétail.

Mais pourquoi autant de chiens mordent et comment prévenir le problème et réduire au maximum le besoin d’intervenir et d’utiliser une correction d’urgence ?

La prédation : juste une question de génétique ?

Premièrement il faut comprendre ce qui crée cette réaction chez le chien.  Tout comme dans la vie de tous les jours, le chien aura plusieurs raisons de mordre.  La première est bien sûr la prédation.  Un chien ayant un instinct de prédation très fort avec toutes les séquences présentes jusqu’à la mise à mort et la consommation, comporte un risque plus élevé de mordre qu’un chien de troupeau dont la séquence a été modifiée par sélection génétique pour exclure ces dernières phases.  Mais cela ne veut pas dire qu’un chien qui tue des souris, par exemple, ne peut pas bien travailler au troupeau, chaque cas est particulier.

Le chien ayant une séquence de prédation non-modifiée sur le bétail aura un comportement bien distinctif  et tentera de :

• séparer une bête (plutôt que de la garder groupée avec les autres) pour l’isoler du reste du troupeau ;
• la pourchasser ;
• la coincer ;
• sauter au niveau de la gorge et du cou ou parfois à l’arrière-train ;
• mordre de manière tenue afin de pour mettre l’animal à terre.

Un chien ayant ce type de comportement ne pourra probablement pas travailler avec les animaux et encore moins être laissé sans surveillance en leur présence.

Pour les autres chiens qui démontrent des aptitudes à vouloir garder les animaux groupés, mais qui ont tendance à charger ou mordre, qu’en est-il ? Les principales causes sont la peur, le stress/anxiété et un manque de confiance.

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Chiots de berger mal socialisés : j’ai peur donc,  je mords

Si le chien n’a pas été socialisé avec des animaux de ferme, il se peut que la première fois qu’il en voit un, il en ait peur.  Beaucoup de chiens ont comme première réaction d’aboyer et de reculer à la vue des moutons. À l’opposé, ceux qui ne prennent pas la fuite, auront alors plutôt tendance à charger et pincer (morsure rapide non tenue).

Ce type de comportement est souvent mal compris.  Les gens ont l’impression que le chien est juste ‘’intense’’ et a besoin d’être mieux contrôlé, mais ce n’est pas le cas, il a juste peur. Connaître le langage canin et les signes de peur chez le chien s’avère essentiel afin de réagir adéquatement en fonction de la situation pour éviter ma morsure.

Ce type de chien aura donc besoin d’être désensibilisé à ces nouveaux stimuli afin d’apprécier leur présence.  Parfois malgré la peur, le chien a des aptitudes génétiques bien ancrées et un bon instinct, et le simple fait de contourner, de travailler les animaux et d’y prendre plaisir permettra de mettre fin aux comportement initialement liés à la peur.

De même, vous pouvez créer des associations agréables et moments de relaxation en présence du bétail : par exemple, gruger un os ou manger ses repas dans le même enclos à distance ou dans un emplacement en ayant les animaux à vue.  On peut aussi commencer à entraîner les concepts de contrôle de troupeau à ce chien en utilisant du bétail moins imposant, comme des canards, par exemple.

Pour les autres chiens qui ont peur au point de ne pas travailler, il faudrait pratiquer à distance la désensibilisation et contre-conditionnement comme pour n’importe quelle autre réaction de peur et malheureusement, à moins d’avoir des animaux (bovins, ovins) à vous à la maison, ce n’est pas vraiment accessible.

La question à se poser est donc : cela en vaut-il la peine ?  Sûrement pas.  Si le but de l’activité était de faire dépenser de l’énergie à votre chien de berger et de le faire travailler mentalement, le mieux est de trouver une autre activité à faire avec votre chien comme l’agilité ou le canicross.

Garder le troupeau : une activité stressante pour le chien

Le stress chez le chien est aussi un facteur qui l’amènera à charger, exploser et à pincer.  Quand on parle de contrôle de troupeau, un point qui ne peut être évité est la pression. C’est LA force invisible que chacun des facteurs exercent l’un sur l’autre.

Quand on travaille dans un enclos, la pression exercée sur le chien sera d’autant plus importante en fonction des facteurs suivants :

• enclos de taille réduite ;
• masse corporelle imposante du bétail
• troupeaux de taille importante.

Cette pression sera aussi augmentée par le contexte d’exposition à ces différents facteurs notamment, lorsque le chien se retrouve dans une position de vulnérabilité. Par exemple, dans un coin de l’enclos, coincé derrière les animaux, l’anxiété augmentera jusqu’à un point de rupture où le chien voudra se libérer de cette pression. Il chargera, comme une boule de quille, ou pincera pour obtenir un effet de dispersion des animaux et de libération de cette pression. Le chien apprend alors, que dans ces situations, il lui suffit d’utiliser ce comportement pour se libérer de son inconfort et celui-ci sera renforcé.

Ce type de réaction peut être travaillée en désensibilisant graduellement le chien à cette pression (plusieurs exercices sans bétail peuvent être faits) pour qu’il se détende lors des situations stressantes et parallèlement, en entraînant et renforçant un autre comportement qui aura la même finalité.

On travaillera donc avec du bon bétail en essayant de recréer les situations désirées de manière contrôlée, en utilisant des obstacles et autres objets pour que le chien suive le bon parcours et sans pouvoir effectuer le comportement indésirable.  Il apprendra que le simple fait de rester à attendre en position ou parfois même de relâcher lui-même la pression sur le bétail sera efficace pour déplacer le troupeau. Ainsi, son inconfort disparaîtra.

L’apprentissage du Herding : palliatif au manque de confiance du chien

Finalement, un chien peut avoir des réactions parfois imprévisibles et mordre car il manque de confiance.  On ne va pas se mentir, ça prend assez de courage et de confiance en soi pour virer de bord un boeuf de 1 tonne, quand tu fais un 35 livres mouillées !  Cette confiance et cette force mentale se travaillent dès la naissance.

Comme dans tout type d’entrainement, la recette gagnante est de mettre le chien en situation de succès et de s’assurer de sa sécurité.  Un incident est vite arrivé avec un jeune chien trop enthousiaste.  Il est difficile en herding de contrôler tous les critères d’entraînement avec notre chien, mais on essaiera tout de même d’en contrôler le plus possible pour que l’apprentissage/renforcement de la bonne action soit faite et qu’il se déroule dans les meilleures conditions.

Il est préférable de tenir son chien en laisse et en longe afin de pouvoir en garder le contrôle et de le placer dans la situation exacte que l’on veut renforcer.

Par exemple : apprendre au chien que lorsqu’il se retrouve face à une brebis récalcitrante, il n’a qu’à tenir sa position pour que celle-ci change de direction sans charger et pincer.  À ce moment précis, on peut également aider le chien en détournant la tête de l’animal et en exerçant une pression sur le bétail.  Ce concept d’aide apportée au chien consiste à réduire la distance entre nous et le chien, mais aussi d’influencer le bétail par notre présence.  Ceci l’aidera à prendre confiance en lui, car il sera toujours capable de se faire respecter par les animaux.  Seulement, pour aider son chien efficacement, il est impératif de bien lire et comprendre le bétail, ce qui n’est pas donné à tous, notamment si l’on a pas  grandi avec celui-ci.

La recette pour un chien de troupeau parfait : patience et persévérance !

Comme vous pouvez le constater, le contrôle de troupeau est une discipline complexe parce qu’elle exploite les interactions entre des êtres vivants.  Les nombreuses variables demandent une très bonne compréhension de la part du manieur; autant de ses chiens que du bétail qu’il cherche à regrouper ou à déplacer.

Pendant les premières années de travail avec le troupeau, c’est le manieur qui doit le plus apprendre et c’est aussi lui qui fera le plus d’erreurs et causera la plupart des problèmes.  Si vous voulez commencer le contrôle de troupeau, prenez le temps qu’il faut pour entraîner votre chien avec des exercices de base nécessaires. Bien connaître cette discipline avant de commencer avec votre chien vous aidera à ne pas le mettre en situation d’échec et de créer des erreurs qui, à force de répétitions, deviendront ancrées chez votre chien. C’est d’ailleurs le sujet couvert par mon séminaire en ligne sur le travail des chiens de troupeau en méthode positive.

Voici l’une de mes vidéos au travail avec l’un de mes bouviers australiens, Bailey :

Une grosse part du travail peut se faire hors bétail, à la maison. Ne mettez pas votre chien constamment en situation d’échec en le mettant dans des situations trop stressantes, dans lesquelles il finira par exploser et vous, le corriger.  Il n’en résultera qu’une augmentation des agressions, un écart d’incompréhension entre vous deux et un manque de confiance dans votre relation.

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Article rédigé par Josiane Cadieux, intervenante en comportement canin spécialisée en Herding

 

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