Attention ! Aujourd’hui nous abordons un sujet rébarbatif au premier abord, mais pourtant tellement important : les biais de la science appliqués à l’éducation canine !
Vous êtes un éducateur ou un intervenant en comportement canin (ou un propriétaire) sur la coche comme on dit ! Vous mettez un point d’honneur à suivre de nouvelles formations sur le comportement canin, vous vous tenez au courant des dernières avancées de la science, bref, vous êtes à jour ! Vous choisissez vos sources avec soins mais cela ne vous empêche pas d’être confus : parfois les experts se contredisent entre eux. Pire, ils se contredisent parfois eux-mêmes en affirmant une chose puis son contraire ! Bref, en éducation canine, comme en science (on l’a vu avec la pandémie de Covid19), il est parfois difficile de s’y retrouver.
Heureusement, en science comme en éducation canine, il « suffit » d’être bien outillé (entendez par là : avoir les connaissances nécessaires) pour tout démêler. Nous avons effleuré le sujet dans notre dernier article [La science au secours de l’éducation canine] 3 raisons de s’inspirer de la science en vous expliquant COMMENT notre domaine pourrait s’inspirer de la science pour s’améliorer et harmoniser ses discours et ses méthodes.
Dans ce deuxième volet de notre dossier , nous allons nous intéresser une cause majeure de ces incohérences : les biais. Et ils sont partout ! Des publications scientifiques que vous pouvez lire jusque dans votre propre pratique. Mais pas de panique, voici un petit guide qui vous permettra d’y voir un peu plus clair.
Ce que vous trouverez dans cet article :
- Des solutions pratiques pour vous prémunir contre les biais qui pourraient nuire à votre travail
- Des arguments sourcés
- Deux vidéos pour approfondir le sujet
- Un témoignage de cliente vous permettant de mieux comprendre l’impact des biais dans nos interventions.
Qu’est-ce qu’un biais et pourquoi s’en préoccuper ?
Un biais, c’est un peu comme si on portait des lunettes déformantes sans le savoir. Il peut nous faire tirer des conclusions erronées et rendre nos interventions moins efficaces [1]. En plus d’être responsables du manque de consensus dans notre domaine [2], ils peuvent également vous affecter plus directement en nuisant à votre travail.
Comment ? En déformant votre perception de la réalité et en vous conduisant à prendre de mauvaises décisions. Imaginez que vous identifiez mal un problème de comportement. Vous risquez de choisir une solution inadaptée et de mal évaluer vos progrès. À long terme, cela peut nuire à votre crédibilité et à votre confiance.
Témoignage de Sophie, propriétaire de Max, berger allemand de 4 ans :
« Il avait un problème de protection de ressources : mon chien grognait et montrait les dents quand on s’approchait de sa gamelle.
Un éducateur canin traditionnel nous a dit que Max essayait de dominer la famille. Il a recommandé des punitions et de reprendre la gamelle, mais cela a aggravé le comportement de Max, qui est devenu plus anxieux et agressif.
Nous avons ensuite consulté un éducateur utilisant des méthodes basées sur la science. Il nous a appris à utiliser le contre-conditionnement en associant notre présence près de la gamelle à des friandises. En quelques semaines, Max a cessé de grogner et a même commencé à remuer la queue en nous voyant.
Cette expérience m’a montré l’importance de choisir un professionnel dont les connaissances et les méthodes sont à jour. »
Les différents biais et leurs applications en éducation canine
Connaître ces biais, c’est un peu comme si on prenait conscience de la présence des lunettes déformantes sur notre nez. Ce n’est pas toujours facile de les retirer mais avec les bons apprentissages et un peu de pratique, on finit par y arriver.
Voici une vidéo en anglais (les sous-titres en français sont disponibles 😉 ) qui nous explique pourquoi, lors de la mise en place de tests, il est important d’être conscient des différents types de biais. Ici, les auteurs s’intéressent aux biais de mesure, de sélection et de confirmation.
Voici une présentation de nos principaux saboteurs :
Le biais de sélection : l’art de bien choisir ses sujets
Ce biais se glisse subtilement dans nos comparaisons lorsque les groupes que nous observons ont des différences fondamentales dès le départ. Imaginons que vous souhaitez comparer deux méthodes de dressage de chiens ou, plus probablement, que vous assistez à un débat sur le sujet sur les réseaux sociaux 😉 .
Voici plusieurs éléments auxquels vous devriez faire attention :
L’histoire canine compte : Imaginez deux chiens, l’un déjà familier avec une méthode d’entraînement, l’autre novice. Il est évident que le premier semblera plus performant ! C’est comme comparer un coureur expérimenté à un débutant [2]. Si vous souhaitez comparer les performances de deux entraîneurs aux méthodes différentes, assurez vous de prendre cet élément en compte.
- La génétique en jeu : Chaque race a ses particularités. Un Border Collie sélectionné pour être réceptif à l’entraînement depuis des générations sera probablement plus facile à entraîner qu’un Shiba Inu indépendant et peu intéressé par la nourriture.
- L’âge : Un chiot en période de socialisation et un vieux chien n’auront pas les mêmes facilités d’apprentissage [3].
- L’expertise du manieur : Si on compare deux méthodes, il faut s’assurer que les dresseurs les maîtrisent également. Sinon, c’est comme juger un match de tennis où un joueur aurait une raquette et l’autre une poêle à frire ! [4]
Ces connaissances peuvent nous aider à mieux juger de la qualité d’une publication scientifique ou, au quotidien, de déconstruire certains mythes tenaces.
Prenons un exemple classique :
Votre oncle est attaché à ses méthodes d’éducation traditionnelle. Il vante son chien de berger au rappel parfait et utilise comme contre-exemple le jeune beagle du voisin qui ne revient jamais malgré les friandises et l’application des conseils reçus sur un groupe Facebook. On pourrait lui expliquer gentiment que :
- Les bergers sont génétiquement prédisposés à rester près de leur humain, contrairement aux beagles qui suivent leur nez [5].
- Un chien de 8 ans est généralement plus calme qu’un jeune chien en pleine adolescence.
- Une éducation structurée donne de meilleurs résultats que des conseils glanés sur les réseaux sociaux.
Dans le cadre d’une étude scientifique portant sur des chiens, on s’assurera que les groupes sont homogènes en terme de races et d’âge. En ce qui concerne les entraîneurs/manieurs, il est important que les auteurs mentionnent leur niveau d’expérience et de compétence avec telle ou telle méthode, technique ou exercice, ainsi que la manière dont ils ont évalué ce point : via un questionnaire ? une évaluation pratique ? en les recrutant dans un centre spécialisé ?
En gardant à l’esprit ces différences, nous évitons de comparer des pommes et des oranges. Cela nous permet d’avoir des discussions plus nuancées et constructives sur l’éducation canine.
Alors, la prochaine fois que vous entendez une comparaison douteuse, n’hésitez pas à partager ces connaissances ! Ensemble, élevons le niveau du débat sur l’éducation canine !
Le biais de performance : quand nos attentes influencent nos résultats
Imaginez que vous êtes un(e) enseignant(e) et que vous devez évaluer le travail d’élèves que vous connaissez. Il est fort probable que vous soyez plus indulgent avec votre élève préféré et plus intransigeant avec celui qui vous casse les pieds à longueur de cours. C’est un peu ce qui se passe avec le biais de performance dans l’éducation canine ! Ce phénomène se produit lorsque nos attentes ou nos actions involontaires influencent les résultats de nos observations ou de nos méthodes d’entraînement [6].
Dans le monde de la recherche canine
Ce biais peut se manifester de manière surprenante. Par exemple, un chercheur pourrait inconsciemment passer plus de temps avec les chiens utilisant sa méthode préférée, leur donnant ainsi un avantage injuste [7]. Mais ce biais ne concerne pas que les chercheurs en blouse blanche. En tant qu’éducateurs canins ou propriétaires de chiens, nous sommes tous susceptibles de tomber dans ce piège :
Dans notre quotidien d’éducateur canin
Un client pourrait interpréter les grognements de son chien comme de l’agressivité chez un Rottweiler, mais comme un simple jeu chez un Labrador. On pourrait ainsi avoir plus de consultations liées à l’agressivité pour des molosses que pour d’autres races, mais serait-il légitime d’en conclure que les molosses sont plus agressifs que les autres ? Pas si sûr…
Cela pourrait également affecter vos plans d’intervention. Imaginez un instant que vous recevez en consultation un husky qui a du mal à revenir quand on l’appelle. Seriez-vous tenté de sortir directement la longe, pensant que c’est « typique de la race » ? Ou au contraire, si c’était un Border Collie, partiriez-vous du principe que le rappel sera un jeu d’enfant ? Ces réflexes, bien que basés sur une certaine logique, peuvent nous jouer des tours. Après tout, ce husky pourrait être particulièrement attaché à son maître et apprendre le rappel en un rien de temps. Et ce Border Collie pourrait avoir une personnalité indépendante qui rendra le rappel plus difficile.
En passant, n’hésitez pas à regarder la formation de Maely sur le rappel sur mesure adapté à la race de votre chien 😉
Des solutions existent !
Pour cela, n’hésitez pas à utiliser l‘analyse du comportement appliquée dont nous vous avons parlé dans notre dernier article sur les 3 raisons de s’inspirer de la science en éducation canine ! Utilisez des formulaires d’évaluation identiques pour chaque consultation, cela vous aidera à rester objectif et à ne pas sauter aux conclusions.
En fin de compte, chaque chien est unique, tout comme chaque relation chien-humain. En gardant cela à l’esprit et en restant vigilants face à nos propres biais, nous pouvons offrir le meilleur service possible à tous nos clients à quatre pattes… et à deux pattes !
Pour approfondir vos connaissances sur l’analyse comportementale appliquée : Formation intensive : Les principes fondamentaux de l’éducation & de la modification comportementale
Le biais de détection : quand on cherche, on trouve !
Imaginez que vous avez la même auto que votre voisin. Même marque, même modèle, même année. Sauf que vous avez effectuez trois fois plus de réparations que lui ! Seriez-vous tombé sur un citron ? Peut-être bien. Ou peut-être que c’est lié au fait que vous faites vérifier votre auto au complet par votre mécanicien à chaque changement de pneu/d’huile, ce qui lui permet de repérer les problèmes qui ne se voient ou ne s’entendent pas autrement. Chose que votre voisin ne fait pas. Eh bien c’est ça le biais de détection ! Il se produit lorsqu‘un groupe est surveillé de manière plus rigoureuse ou avec des outils différents que d’autres groupes, ce qui conduit à des résultats biaisés.
En tant qu’intervenants en comportement canin, nous devons être conscients que nos clients agissent comme des filtres. Et pour chaque chien on a un propriétaire différent, donc un « outil de mesure » différent. Ils nous rapportent ce qu’ils sont capables de percevoir.
Prenons l’exemple d’un cas d’un chien agressif.
Il n’est pas rare qu’un propriétaire nous dise que son chien a mordu « sans prévenir ». Mais en creusant un peu, on découvre souvent que le chien avait bel et bien envoyé des signaux d’inconfort ou de stress. Ces signes étaient simplement trop subtils pour être perçus par le propriétaire, ou bien celui-ci n’avait pas les connaissances lui permettant de les comprendre [8].
Alors, comment contourner ce biais ? Comme pour le biais précédent, l’utilisation de l’analyse du comportement appliquée et de formulaires d’évaluation standardisés sont une bonne solution. Ces outils nous aident à aller au-delà du « filtre humain » et à obtenir une image plus objective de la situation.
Et n’oublions pas que nous-mêmes ne sommes pas à l’abri de ce biais ! En tant que professionnels, il est crucial de rester vigilants et de remettre constamment en question nos propres perceptions.
Le biais d’attrition : quand les abandons nous jouent des tours !
Dans une étude scientifique, le biais d’attrition intervient lorsqu’on oublie de prendre en compte les sujets qui quittent l’étude en cours de route et que cela en modifie les résultats.
Dans notre quotidien, c’est un peu la même chose ! Les clients insatisfaits ont tendance à abandonner silencieusement. Une étude a révélé que les propriétaires de chiens aux problèmes persistants sont plus susceptibles d’arrêter les programmes de formation [9]. N’oubliez pas de suivre tous vos clients, même ceux qui partent et attention aux conclusions hâtives basées uniquement sur vos « succès » !
En conclusion, pour devenir un meilleur éducateur canin, intéressez-vous aussi à vos clients mécontents : ils vous aideront à mettre le doigt sur ce que vous pouvez améliorer 🙂
Le biais de déclaration : oups, j’ai oublié !
Je ne sais pas comment ça se passe pour vous, mais moi, j’oublie (trop) souvent des trucs. Heureusement, je me console en écrivant cet article car il me permet de réaliser que je ne suis pas la seule ! Les études, les professionnels du monde canin ou les clients peuvent aussi commettre des oublis ! C’est le biais de déclaration. Dans une publication, il se produit lorsque les participants rapportent de manière inexacte ou incomplète les effets d’un médicament par exemple.
Dans notre vie de propriétaire de chien ou de professionnel, ce serait plutôt lorsqu’on omet, consciemment ou pas, de rapporter des comportements ou des résultats d’entraînement.
Voici quelques exemples concrets :
Omettre certains détails : vous pourriez ne pas mentionner certains comportements de votre chien lors d’une consultation avec un professionnel car vous n’êtes pas conscient que cela a un lien avec votre problématique. Un propriétaire consulte un comportementaliste pour des destructions causées par son chien en son absence, mais il omet de mentionner que son chien le suit constamment dans la maison, pensant que cela n’est pas lié. Ce comportement d’hyper-attachement pourrait pourtant être un signe que son chien souffre d’anxiété de séparation. Cela pourrait ainsi fausser le diagnostic et le traitement proposé.
- Minimisation des comportements agressifs : Un client pourrait sous-déclarer les comportements agressifs de son chien par crainte de se voir retirer son animal.
- Mensonges par peur du jugement : Par peur d’être jugé, un client pourrait surestimer le temps de promenade ou minimiser les comportements problématiques de son chien. Il se pourrait aussi qu’un client nous affirme que tout va bien (son chien réussit tous les exercices et cela l’aide beaucoup avec sa problématique !) alors qu’il aurait besoin de meilleures explications ou d’un plan d’intervention plus adapté.
- Non-respect des exercices : Ce client pourrait au contraire prétendre avoir suivi les exercices recommandés alors que ce n’est pas le cas, nous faisant croire que nos solutions sont inefficaces alors qu’elles n’ont simplement pas été mises en œuvre correctement.
Pour éviter ce biais de déclaration, il est essentiel de créer un climat de confiance et de bienveillance lors des consultations. Faire preuve d’empathie, rassurer le client sur l’absence de jugement, et encourager une communication ouverte peuvent permettre de recueillir des informations plus complètes et précises, et ainsi améliorer la qualité du diagnostic et des recommandations
Le biais de l’expérimentateur : quand nos attentes jouent les chefs d’orchestre !
Le biais de l’expérimentateur est comme diriger une pièce de théâtre mais sans s’en rendre compte ! Les attentes et gestes subtils du chercheur peuvent influencer inconsciemment les résultats de l’étude sur le comportement canin. Prenons l’exemple d’un scientifique convaincu de l’efficacité d’une méthode d’entraînement. Il pourrait involontairement donner des indices aux chiens, faussant ainsi leur performance.
Un débat passionnant entre deux grands noms de la recherche canine illustre parfaitement ce biais. D’un côté, nous avons Ádám Miklósi, le champion de l’imitation canine. Il soutient, preuves empiriques à l’appui, que nos chiens sont capables de copier nos comportements. De l’autre, Clive Wynne joue l’avocat du diable. Il remet en question ces conclusions. Il suggère plutôt que ces comportements « imitatifs » pourraient en réalité être le fruit de renforcements involontaires, comme si on récompensait un chien pour avoir accidentellement fait le bon geste [10,11].
Mais ne croyez pas que ce biais ne concerne que les chercheurs en blouse blanche ! En tant qu’éducateurs canins, nous sommes tout aussi susceptibles d’être influencés par nos attentes. Peut-être avez-vous déjà remarqué que certains chiens semblent mieux répondre à vos exercices préférés ? Il se pourrait que vous leur donniez inconsciemment plus d’encouragements ou d’attention.
Alors, comment pouvons-nous surmonter ce biais ? La clé est la conscience et l’objectivité. En reconnaissant que nous pouvons être influencés par nos attentes, nous pouvons prendre des mesures pour minimiser cet effet.
Le biais de confirmation : quand nos croyances nous mènent en laisse
Vous pensez que votre chien est un fin gourmet qui n’obéit que pour une friandise ? Attention, il se pourrait bien que ce soit vous qui soyez ‘nourri’ par vos propres croyances ! On a tous ce petit biais qui nous pousse à voir ce qu’on veut bien voir… surtout quand une croquette est en jeu !
Le biais de confirmation se produit lorsque les chercheurs ou les entraîneurs cherchent, interprètent ou favorisent les informations qui confirment leurs croyances ou hypothèses préexistantes. Prenons l’exemple d’un propriétaire qui croit que son chien n’obéit que lorsqu’il a de la nourriture. Il pourrait inconsciemment renforcer cette croyance de plusieurs façons :
- Attention sélective : Le propriétaire pourrait se souvenir principalement des moments où le chien obéit avec de la nourriture, tout en oubliant les occasions où le chien obéit sans récompense alimentaire.
- Interprétation biaisée : Lorsque le chien obéit sans nourriture, on pourrait attribuer ce comportement à d’autres facteurs, comme l’absence de distractions.
- Test biaisé : Le propriétaire pourrait donner des ordres de manière moins convaincante lorsqu’il n’a pas de nourriture, influençant ainsi le comportement du chien.
- Négligence des contre-exemples : Le propriétaire pourrait ignorer les situations où le chien obéit sans récompense alimentaire, les considérant comme des exceptions.
- Renforcement involontaire : En croyant que la nourriture est nécessaire, le propriétaire pourrait toujours avoir de la nourriture lors des séances d’entraînement. Il créerait ainsi une dépendance réelle à la récompense alimentaire.
Pour dépasser ce biais, pourquoi ne pas tester vous-même votre croyance ? Observez simplement comment réagit votre chien dans différentes situations, avec ou sans nourriture, et prenez le temps de noter les résultats. Vous pourriez être surpris !
Cumulation des biais
Préparez-vous, car les biais, c’est un peu comme des amis indésirables à une fête : ils adorent se regrouper et compliquer la situation ! Et quand ils s’allient, ils peuvent sérieusement fausser nos jugements. Voyons ensemble comment ces biais peuvent s’accumuler et créer un véritable effet boule de neige.
- Biais de sélection et biais de confirmation : Un chercheur ayant une hypothèse préconçue pourrait sélectionner des chiens plus susceptibles de répondre positivement à une méthode, surestimant ainsi son efficacité.
- Biais de performance et biais de détection : Un expérimentateur convaincu de l’efficacité d’une méthode pourrait être plus attentif aux comportements confirmant cette efficacité.
- Biais d’attrition et biais de déclaration : Les propriétaires de chiens ne répondant pas bien à une méthode pourraient abandonner l’étude, tandis que ceux qui restent pourraient rapporter des résultats positifs, surestimant ainsi l’efficacité de la méthode.
- Biais de l’expérimentateur et biais de confirmation : Les attentes de l’expérimentateur peuvent influencer son interprétation des résultats, accordant plus d’importance aux données confirmant ses hypothèses.
Pour illustrer cette cumulation, prenons un exemple hypothétique :
Un chercheur étudie l’efficacité d’une nouvelle méthode d’entraînement pour réduire l’agressivité chez les Pitbulls. Convaincu de l’efficacité de sa méthode (biais de confirmation), il sélectionne inconsciemment des Pitbulls qui semblent plus dociles au départ (biais de sélection). Pendant l’étude, il interprète plus facilement les comportements ambigus comme non agressifs chez les chiens soumis à sa méthode (biais de détection). Les propriétaires de chiens qui ne montrent pas d’amélioration abandonnent l’étude (biais d’attrition), tandis que ceux qui restent ont tendance à surestimer les progrès de leur chien dans leurs rapports (biais de déclaration). Enfin, lors de l’analyse des résultats, le chercheur accorde plus d’importance aux données confirmant l’efficacité de sa méthode (biais de confirmation).
La cumulation de ces biais pourrait conduire à la conclusion erronée que la méthode est hautement efficace pour réduire l’agressivité chez les Pitbulls, alors que cette conclusion ne serait pas représentative de la réalité.
Comment se prémunir contre les biais ?
Les biais, c’est un peu comme ces petits cailloux dans vos chaussures : difficiles à éviter, mais une fois qu’on les repère, on peut enfin marcher plus sereinement ! Alors, comment s’en protéger et améliorer nos pratiques ? Voici quelques astuces pour garder nos jugements clairs et objectifs.
Connaître et reconnaître les biais : Soyez conscient de l’existence de ces biais et identifiez-les dans votre pratique quotidienne.
- Adopter de bonnes méthodes de travail : Utilisez l’analyse fonctionnelle du comportement. Élaborez des plans d’entraînement structurés et adaptables, et basez-vous sur des données objectives et mesurables.
- Pratiquer la réflexivité : Remettez régulièrement en question vos méthodes et conclusions.
- Collaborer et échanger : Partagez vos expériences avec d’autres professionnels pour identifier vos biais et améliorer vos pratiques.
- Se former continuellement : Restez à jour sur les dernières recherches en comportement canin et en méthodes d’entraînement.
- Utiliser des outils standardisés : Adoptez des grilles d’évaluation et des protocoles standardisés pour réduire la subjectivité.
Nos biais révélés : pour une approche plus juste avec nos chiens !
Imaginez-vous en train de nettoyer une paire de lunettes embuées. À chaque coup de chiffon, votre vision s’éclaircit un peu plus.
C’est exactement ce que nous faisons lorsque nous prenons conscience de nos biais et que nous travaillons à les surmonter !
Tout au long de notre exploration, nous avons découvert une multitude de biais qui peuvent influencer notre travail avec les chiens. Ces biais sont comme des filtres subtils qui colorent notre perception, parfois sans même que nous nous en rendions compte.
Mais ne vous inquiétez pas, nous avons un allié de taille : la méthode scientifique !
En adoptant une approche scientifique, nous pouvons progressivement retirer ces filtres et voir la réalité avec plus de clarté. C’est un peu comme si nous devenions des détectives du monde canin. Nous cherchons des preuves objectives plutôt que de nous fier à nos intuitions parfois trompeuses.
N’oublions pas que nous sommes un peu comme des chercheurs sur le terrain. Chaque jour, nous observons. Nous testons des hypothèses, et nous ajustons nos méthodes en fonction des résultats. Cette approche scientifique nous permet non seulement d’être plus efficaces, mais aussi plus éthiques dans notre travail.
Car au final, quel est notre objectif ultime ? Le bien-être de nos chiens !
Alors, la prochaine fois que vous travaillez avec un chien, rappelez-vous : chaque biais surmonté est un pas de plus vers une relation plus harmonieuse :). N’est-ce pas là la plus belle récompense que nous puissions espérer ?
Article rédigé par Aurélie Delannoy
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Sources :
[1] Rosenthal, R., & Rosnow, R. L. (2008). Essentials of Behavioral Research: Methods and Data Analysis. McGraw-Hill.
[2] Hiby, E. F., Rooney, N. J., & Bradshaw, J. W. (2004). Dog training methods: their use, effectiveness and interaction with behaviour and welfare. Animal Welfare, 13(1), 63-69.
[3] Serpell, J. A., & Hsu, Y. (2005). Effects of breed, sex, and neuter status on trainability in dogs. Anthrozoös, 18(3), 196-207.
[4] Blackwell, E. J., Twells, C., Seawright, A., & Casey, R. A. (2008). The relationship between training methods and the occurrence of behavior problems, as reported by owners, in a population of domestic dogs. Journal of Veterinary Behavior, 3(5), 207-217.
[5] Turcsán, B., Kubinyi, E., & Miklósi, Á. (2011). Trainability and boldness traits differ between dog breed clusters based on conventional breed categories and genetic relatedness. Applied Animal Behaviour Science, 132(1-2), 61-70.
[6] Rosenthal, R. (1994). Interpersonal expectancy effects: A 30-year perspective. Current Directions in Psychological Science, 3(6), 176-179.
[7] Udell, M. A., & Wynne, C. D. (2008). A review of domestic dogs’ (Canis familiaris) human-like behaviors: or why behavior analysts should stop worrying and love their dogs. Journal of the experimental analysis of behavior, 89(2), 247-261.
[8] Mariti, C., Gazzano, A., Moore, J. L., Baragli, P., Chelli, L., & Sighieri, C. (2012). Perception of dogs’ stress by their owners. Journal of Veterinary Behavior, 7(4), 213-219.
[9] Blackwell, E. J., Casey, R. A., & Bradshaw, J. W. (2016). Efficacy of written behavioral advice for separation-related behavior problems in dogs newly adopted from a rehoming center. Journal of Veterinary Behavior, 12, 13-19.
[10] Miklósi, Á. (2007). Dog behaviour, evolution, and cognition. Oxford University Press.
[11] Wynne, C. D. L. (2004). Do animals think? Princeton University Press.
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