Vermifuger son chien ? Est-ce vraiment nécessaire ?
Youpi, le printemps est arrivé et avec lui la promesse de belles randonnées en forêt, de balades dans le quartier et de courses dans les champs. Mais, c’est aussi le retour en force de toutes les crottes laissées sur les trottoirs ou sur les terrains par des maîtres insouciants et irresponsables. C’est enrageant mais bon, la bêtise humaine n’est pas le sujet de cet article, alors poursuivons.
Pour Pitou, c’est une période très intéressante : plein d’odeurs et de déchets laissés un peu partout durant l’hiver et évidemment, certains chiens en profitent pour grignoter quelques crottes au passage, manger un peu de feuilles ou de l’herbe, mettre les dents dans une carcasse d’oiseau (à notre grand désarroi), bref, tout ce qui est peu ragoûtant pour nous, humains délicats. Malheureusement, avec ce plaisir gustatif vient aussi la possibilité que votre chien soit contaminé par des parasites internes.
1. Qu’est-ce qu’un vermifuge et pourquoi l’utiliser?
Un vermifuge (aussi appelé » anthelmintique » : « elminthe » = vers intestinaux) est un antiparasitaire qui a pour but d’éradiquer (tuer) les vers, principalement les parasites intestinaux.
À prendre en considération : les vermifuges n’ont pas d’effets préventifs, ils ne sont efficaces qu’au moment où on les administre, car leur mode d’action consiste à tuer les parasites internes présents chez notre chien. Pitou peut donc se contaminer de nouveau, même après un traitement.
2. Types d’antiparasitaires pour chiens
Il existe différents types de parasites internes et, malheureusement, aucun vermifuge ne peut prétendre être efficace contre tous ces parasites. Il est primordial d’identifier d’abord quels parasites contaminent notre chien, par une analyse de selles effectuée en clinique vétérinaire.
Les vermifuges sont disponibles sous différentes formes :
- Les comprimés ou cubes à croquer;
- Les pipettes (on applique le contenu du tube directement sur la peau du chien, au niveau du cou);
- Pâtes ou liquides à donner par la bouche (habituellement en utilisant une seringue graduée);
- Injection: pour les infestations graves, administrée par l’équipe vétérinaire.
3. À quelle fréquence dois-je donner des vermifuges à mon chiot/chien ?
Les recommandations pour les vermifuges contre les vers intestinaux sont les suivantes :
- De l’âge de 2 semaines à 3 mois : aux 2 semaines
- De 3 à 6 mois : 1 fois par mois
- Chez les adultes : 2 à 4 fois par année selon son mode de vie
Les chiots, étant particulièrement à risque de contamination (infestés par la mère à la naissance ou encore dans l’environnement, car ils ont tendance à manger tout ce qu’ils trouvent sur le sol), il est donc nécessaire de faire les traitements plus souvent.
4. Est-ce vraiment nécessaire ?
On vermifuge notre animal lorsqu’il a des vers, pour sa propre santé, mais aussi pour le bien de toute la famille. Certains de ces parasitent peuvent contaminer les humains (zoonoses), surtout les enfants (ascaris ou vers ronds, cestodes ou vers plats, etc.) et être responsables de maladies (toxoplasmose, échinococcose…).
«Je ne vois pas de vers dans les selles de mon chien, ce n’est donc pas nécessaire de le vermifuger.»
La présence de vers intestinaux, surtout chez un chien adulte, peut passer inaperçue. D’où l’importance d’effectuer une analyse de selles (on suggère 2 fois par année) et de vermifuger de façon régulière, principalement si notre animal est à risque.
5. Quand administrer des antiparasitaires à Pitou
Un chien pouvant se contaminer à n’importe quel moment, il n’y a pas de périodes précises pour administrer un vermifuge. On retrouve des produits vendus en cliniques vétérinaires dont l’administration se fait mensuellement, du mois de juin à novembre, période de l’année la plus propice à la contamination.
6. Toxicité due à une mutation génétique
Certains vermifuges sont contre-indiqués chez les races de chiens qui présentent une mutation du gène MDR1. Cette mutation est observée, entre autres, chez les Colleys, les Bergers australiens, les Borders Collies, les Bergers des Shetland, les Berger anglais, y compris les croisements issus de l’une de ces races.
Chez les individus possédant cette mutation, l’absorption du médicament est plus importante et peut être responsable d’une intoxication médicamenteuse pouvant être fatale. Les signes cliniques sont des pertes d’équilibre (ataxie), des tremblements, des convulsions, un coma menant à la mort.
Selon la Washington State University, 70% des Colleys, aux États-Unis, sont porteurs de cette mutation, alors qu’elle est de l’ordre de 50% pour les Bergers australiens. [1]
7. Quel vermifuge choisir ?
L’avis d’un vétérinaire sera d’une grande importance pour vous guider dans le choix d’un traitement efficace et sécuritaire. Il faut prendre en considération plusieurs aspects :
- Santé et physiologie de l’animal (ex. âge, gestation, maladie, gène)
- Mode de vie (ex. vit à l’intérieur ou à l’extérieur, présence d’autres animaux, chien qui chasse)
- Entourage de l’animal (présence d’enfants, de femmes enceintes)
- Région où vit l’animal (présence confirmée de certains parasites)
Plusieurs produits sont disponibles sur le marché, certains vendus sous prescription en cliniques vétérinaires et d’autres en vente libre. Différents ingrédients peuvent être utilisés, il faut donc être très prudent quant au choix du médicament.
8. Contrer les parasites avec des produits naturels?
On retrouve de nombreux produits d’origine naturelle, disponibles dans les boutiques spécialisées pour animaux ou parfois en cliniques vétérinaires. Même si leur efficacité reste un sujet épineux et controversé, certains sembleraient tout de même produire l’effet escompté. Parmi ceux-ci, la terre de diatomée semble particulièrement efficace.
9. Un vermifuge maison ?
Certains suggèrent de donner de l’ail au chien. Il faut être prudent car l’ail est toxique à une dose d’environ 15 à 30 g d’ail par kg de poids. Bien que la dose toxique nécessite une consommation importante d’ail, cela représente tout de même un risque. Certaines races comme l’Akita et le Shiba Inu sont plus sensibles et une dose plus faible peut provoquer les signes cliniques d’intoxication (diarrhée, vomissement, sang dans l’urine, ataxie, augmentation du rythme cardiaque, faiblesse, nausée, muqueuses pâles, etc.).
Pour en savoir plus à ce sujet: Les aliments toxiques pour votre chien
10. Un vermifuge peut-il rendre mon chien malade ?
Bien que plusieurs produits aient été testés pour assurer leur innocuité, peut importe le vermifuge que vous choisissez d’administrer à votre chien et malgré toutes les précautions, nous ne sommes pas à l’abri d’une réaction indésirable. Consultez votre vétérinaire si vous notez des signes tels que : vomissements, léthargie, tremblements musculaires, perte d’appétit ou d’entrain.
Finissons-en avec les vers intestinaux!
Comme nous venons de le voir, il est important de veiller à la bonne santé de notre chien tout autant que la nôtre. Un bon programme de contrôle des parasites passe par un calendrier de vermifugation approprié.
Nous partageons leur vie, évitons de partager aussi des parasites intestinaux!
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Article rédigé par Tania Laurin, Technicienne en santé animale certifiée
[1] Washington State University, WSU veterinary clinical pharmacology laboratory
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