Peut-être avez-vous déjà entendu le terme « usines à chiot », mais sans trop en connaître la signification?
Le terme « usine à chiots » désigne la reproduction massive de chiens dans des conditions insalubres par des éleveurs sans scrupules, qui ne se préoccupent aucunement de la santé ni du bien-être de leurs animaux. Leur seul but est de faire du profit. Ces «élevages» peuvent contenir des centaines de chiens, dont des dizaines de races et de races croisées différentes.
On estime qu’au Québec il y aurait entre 1500 et 1800 usines à chiots et qu’environ 400 000 chiots naissent chaque année dans ces endroits. [1]
Ces usines à chiots reproduisent souvent des chiens de petites races, on peut en mettre davantage dans un petit espace. Ils feront aussi des croisements entre les races, obtenant ainsi des Maltipoo (mélange de Bichon Maltais et Caniche), Morkie (mélange de Bichon Maltais et Yorkshire Terrier), Chiweenie (Mélange de Chihuahua et Teckel), Cockapoo (mélange de Cocker et Caniche) etc. Par contre, il n’est pas rare de voir des chiens de grandes races comme des Bergers Australiens, Border Collie ou encore des Goldendoodles.
D’autres fois, les usines ne reproduiront qu’une ou deux races. C’est le cas par exemple d’une usine à chiot qui a été démantelée en 2021 par la SPA d’Arthabaska. On y trouvait plus de 200 chiens, tous des chiens de race Berger Shetland ou des Colleys.
Les conditions de vie des chiens et chiots
Dans les usines à chiots, les chiens sont entassés dans des cages ou des enclos trop petits et n’en sortent pratiquement jamais. Ils vivent dans leurs excréments et n’ont pas un accès adéquat à l’eau ni à la nourriture. Ces mauvaises pratiques d’élevage entraînent des maladies aux chiens qui ne reçoivent, selon la même logique mercantile à outrance, aucun soin vétérinaire.
Les femelles sont accouplées dès le plus jeune âge et auront des portées deux ou trois fois par année.
Lorsque les chiennes sont trop épuisées et ne sont plus capables de se reproduire, les éleveurs les considèrent comme inutiles et les tuent.
Les chiots issus de ces reproductions ont souvent des tares génétiques dues à l’absence de sélection des reproducteurs et à leur consanguinité. Ils sont retirés beaucoup trop tôt à la mère, parfois à l’âge de 3 semaines (or la loi au Québec ne permet le sevrage qu’à l’âge minimum de 8 semaines [2]). La mauvaise génétique et manque de socialisation en font souvent des chiens avec de graves problèmes de comportements (anxiété, agressivité, malpropreté…). Ces éleveurs peuvent aussi vacciner eux-même leur chiots et créer de faux carnets de santé vétérinaires.
La vente des chiots
Ces éleveurs vendent au premier venu, et ne se soucient pas d’informer le futur propriétaire des caractéristiques de la race du chien.
Les chiots à vendre dans les animaleries
L’un des moyens de vente souvent utilisé est la revente de chiots en animaleries. Les chiots sont alors mis en cage, à la vue constante des visiteurs qui tapotent à la vitre. Encore une fois, cela perturbe la période de socialisation du chiot, une période pourtant déterminante pour le reste de sa vie.
Les revendeurs d’animaux
Il existe aussi ce qu’on appelle des « courtiers ». Ce sont des personnes qui achètent les chiots à l’usine et les revendent à des particuliers. Ils peuvent par exempte, prétendre qu’ils ont acheté le chien, mais qu’ils se sont rendu compte qu’ils étaient allergiques, ou bien qu’ils le vendent pour un ami. Il faut se méfier quand on voit plusieurs annonces avec des chiots de races différentes photographiés dans le même décor et, souvent, dont le nom de race est mal orthographié. Aussi, ces personnes utiliseront les réseaux sociaux et les petites annonces pour « écouler leur marchandise ».
5 indices pour reconnaître une usine à chiots
Il existent de nombreux signes qui peuvent vous mettre la puce à l’oreille concernant l’endroit d’où proviennent les chiots.
#1 Impossible de visiter l’élevage
Comme les animaux vivent dans des conditions horribles, on vous empêchera souvent de visiter les lieux. Vous pourrez parfois entrer dans un petit bureau ou bien le vendeur de chiots vous donnera rendez-vous ailleurs que chez lui. Vous n’aurez donc pas la possibilité de rencontrer les parents du chiot.
#2 Reproduction de plusieurs races et croisements
Tel que mentionné plus tôt, un élevage qui reproduit de nombreuses races ainsi que leurs croisements est très louche. Les bons éleveurs se limiteront quant au nombre de races qu’ils élèvent et ne feront pas de croisements populaires afin de faire un peu plus d’argent. Attention, il existe toutefois des usines à chiots qui ne produisent qu’une ou deux races, ce ne sont pas de meilleurs endroits pour autant. Il faut vraiment vérifier tous les points avant de déterminer s’il s’agit d’un bon élevage.
#3 Les chiots sont disponibles immédiatement
Les usines à chiots produisent énormément de chiots. Cela veut donc dire qu’ils en ont à vendre presque en tout temps. Un éleveur éthique, au contraire, aura une liste d’attente puisque ces reproducteurs sont méticuleusement choisis et que les femelles ne sont pas des machines à bébés.
#4 Chiots trop jeunes et/ou malades
Comme le but premier d’une usine à chiot est le profit, les chiots seront souvent séparés de leur mère trop tôt afin de les vendre le plus rapidement possible. De plus, il arrive que les chiots soient malades et démontrent un ou plusieurs signes suivants : yeux qui coulent, léthargie, nez congestionné, toux, vomissements, diarrhée, etc. D’ailleurs, les chiens reproducteurs n’auront pas été testés pour les maladies courantes dans leur race.
#5 Aucun enregistrement ou papier
Les chiots provenant d’usines à chiots ne seront bien souvent pas enregistrés dans un club canin reconnu et n’auront parfois pas de carnet de santé. Quand ils en auront, il aura bien souvent été fait illégalement par l’éleveur.
Les lois au Québec sur la protection des animaux
L’analyse de l’« Animal Legal Defense Fund » qui compare les provinces canadiennes selon leur législation en matière de protection animale classe le Québec comme étant l’avant-dernière province étant la moins sévère en 2014 [3].
Au Québec, aucune loi n’interdit l’élevage massif de chiens, contrairement à d’autres provinces du Canada, d’où proviennent la majorité de ces mauvais éleveurs qui y voient là un marché très lucratif.
Certes, pour posséder plus de 15 chats ou chiens, le propriétaire doit obtenir un permis, selon la Loi sur la protection sanitaire des animaux (Loi P -42). Cependant, la délivrance du permis se fait sans inspections des lieux. D’ailleurs, Anima-Québec ne compte que cinq inspecteurs pour toute la province, ce qui est très peu comparativement aux 200 œuvrant en Ontario.
Le Québec : champion des usines à chiots et des abandons
De plus, il est difficile pour les SPA d’intervenir parce que pour obtenir un mandat de perquisition, elles doivent fournir des preuves formelles et visuelles qu’il y a présence de négligence et cruauté animale. Bien souvent, ces éleveurs ne reçoivent qu’un avertissement et/ou une amende de quelques milliers de dollars. Le Québec est donc à la traîne derrière l’Ontario où les amendes peuvent atteindre 60 000 $; de plus, les peines d’emprisonnement vont jusqu’à deux ans.
Ayant le plus haut taux d’abandons d’animaux en Amérique du Nord (soit 500 000 par année) tout en étant la province comptant le plus grand nombre d’usines à chiots, on peut se demander pourquoi le MAPAQ ne se décide pas d’agir.
Les éleveurs de fond de cour
Une autre problématique peut aussi être soulevée : celle de ces gens qui décident de devenir éleveur sans avoir les connaissances adéquates afin de faire de généreux profits. Le nombre de chiennes gestantes est souvent réduit. Toutefois, le manque de connaissances de ces personnes quant aux besoins des chiennes enceintes et des chiots peut affecter leur santé et leur développement comportemental. Dans le jargon populaire, ces personnes sont appelées des « éleveurs de fond de ruelle ».
En attendant, on peut toujours signer la pétition suivante , pour que les animaux ne soient plus considérés comme des biens meubles dans le Code civil. Si nos amis poilus obtiennent le statut d’êtres sensibles, on pourra alors espérer des sanctions plus sévères en ce qui concerne la cruauté et la négligence animale.
Si vous souhaitez adopter prochainement, recherchez un bon éleveur canin ou bien allez visiter les refuges de votre région. Vous encouragerez ainsi les vrais amoureux des animaux : ceux qui en prennent réellement soin.
[1] http://www.spacanada.org/fr/campagnes/puppy-mills.html
[2] http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=3&file=/P_42/P42R10_1. HTM
[3] http://aldf.org/press-room/press-releases/2014-canadian-animal-protection-laws-rankings/
Article rédigé par Clara Gosselin-Saucier, intervenante en comportement animal.
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fortin dit
ils ont droit de vivre en paix et etre aimer comme des etres humain ils nous apporte telement de reconfort ils sont la pour etre aimer et pour etre proteger des mal intentionner
kathleen goulet dit
J’aide a petite echelle ….je voudrais faire plus …ex. inspecteur Benevol
Suzanne Desrosiers dit
Merci, je suis dans l’évaluation d’une chienne de 8 ans provenant d’un chenil en Abitibi. Je lui donne son temps d’accoutumence.
Elle est chez moi depuis moins de 48 hrs.
Je crois qu’elle viendra à moi d’ici une semaine.
Colette dit
Les animaux ne sont pas des objets, il ont un coeur pour aimer et ressentent la douleur tout comme nous , ceux qui maltraitent les animaux devraient subir le même châtiment . Les lois ne sont pas assez sévères ou plutôt il n’y a aucune loi qui les protège ????????
André Bellerive dit
Bonjour et félicitation pour votre bon travail.
J’aimerais faire un don pour aider à éliminer les usines à chiots mais je ne sais pas comment m’y prendre.S.V.P j’aurais besoin de votre aide,Merci.
Clara Gosselin-Saucier dit
Bonjour André,
Vous pouvez contacter une OBL qui agit pour la protection des animaux, comme la SPCA de Montréal ou Animal Humane Society. ????
Jessé Racicot dit
C’est en quelle année la moyenne de 1500 à 1800 usines au Québec?
Clara Gosselin-Saucier dit
Bonjour, il s’agit de la moyenne estimée par la Société pour la protection des animaux Canada en 2015, la référence est listée en bas de l’article, mais la source d’où provient cette information (http://spacanada.org/fr/campagnes/puppy-mills.html) n’est plus valide.