Depuis bien longtemps, l’être humain façonne l’environnement à son image. Il a ainsi appris à « cultiver » ce qui lui apporte une certaine satisfaction, que ce soit d’un point de vue matériel, esthétique ou spirituel.
A partir du moment où l’humain a réussi à domestiquer le canis lupus, il a tenté de le rendre utile et de lui faire accomplir quelques tâches du quotidien. Ainsi sont nées différentes races de chiens, adaptées à diverses fonctions :
Chiens de chasse: Labrador Retriever, Beagle, Vizsla, Teckel, Lévrier Greyhound, Bloodhound, etc.
- Chiens de transport en traîneaux : Husky, Malamute, etc.
- Chiens de protection des troupeaux de moutons : Montagne des Pyrénées, Bergers d’Anatolie, etc.
- Chiens de conduite du bétail: Border Collie, Berger Australien, Pembroke Welsh Corgi, Beauceron, Berger Shetland, etc.
Lorsque les humains ont commencé à sélectionner certaines caractéristiques plus présentes chez des chiens en particulier, et à les reproduire ensemble, des changements physiques ont commencé à apparaître au fil des générations. Ainsi, si on a au départ un groupe de chiens homogène et qu’on décide de reproduire ensemble ceux qui ont des caractéristiques similaires, comme la facilité et l’endurance pour tirer des charges lourdes, ou encore la capacité de chasser de petits rongeurs, éventuellement, le groupe ne sera plus homogène. Tranquillement, les caractéristiques physiques des chiens vont aussi changer.
À partir du 19e siècle, la sélection systématique d’aptitudes particulières laisse peu à peu la place à l’aspect physique et à la volonté de créer les « meilleurs spécimens » d’un point de vue esthétique au sein d’une même race. Poussées par le sens de la compétition de la classe moyenne victorienne, les premières expositions canines voient le jour dès 1850 au Royaume-Uni. Une structure chapeautant l’organisation de ces compétitions naît dans la foulée : cette institution, appelée le « Kennel Club » deviendra par la suite la garante des pédigrées en Angleterre.
Des standards de races de chiens poussés à l’extrême
On l’a mentionné très souvent, mais si vous décidez d’adopter un chien chez un éleveur, il est primordial de bien faire ses recherches. En effet, les éleveurs de chiens éthiques choisissent minutieusement leurs reproducteurs et font passer à ceux-ci une panoplie de tests pour éviter de reproduire des chiens qui ont des maladies. Si on n’est pas un éleveur, il vaut donc mieux éviter d’accoupler son chien.
Toutefois, comme vous le verrez bientôt, la santé et le bien-être vont bien au-delà de ce que les tests de santé peuvent déceler.
Respecter les standards de race à tout prix
Chaque race de chien possède un standard, dans lequel les individus de cette race doivent entrer, ou du moins s’approcher. Le standard d’une race contient les informations qui sont essentielles pour cette race particulière. On peut par exemple y retrouver la couleur, la hauteur au garrot, la forme des oreilles et de la queue, le tempérament, le pelage, la structure, etc. Toutes ces caractéristiques permettent de s’assurer qu’un chien est un « bon » représentant de sa race. C’est d’ailleurs selon ces standards que les chiens sont évalués lors des compétitions de conformation.
À l’heure actuelle, force est de constater que certaines races connaissent un réel phénomène « d’hypertype ». Hyper-quoi ?
L’hypertype consiste à accentuer à l’extrême certains traits distinctifs propres à une race ou à un type morphologique.
Cette accentuation devient « éthiquement problématique » lorsqu’elle entraîne une souffrance ou des problèmes physiques qui, dans certains cas, peuvent mener à de véritables soucis de santé voire à une espérance de vie réduite.
Des chiens et des chiots avec des problèmes de santé liés à leur physique
Prenons l’exemple des Bouledogues Anglais, des Bouledogues français et des Carlins ou autres races brachycéphales. Vous aurez certainement remarqué que leurs museaux ont été volontairement raccourcis à leur strict minimum, leur causant souvent des ronflements et des petits grognements.
On trouve souvent ces petits bruits adorables, mais derrière ces ronflements et grognements se cache toutefois une respiration anormale, causée par leur museau plat et nécessitant parfois une chirurgie. Prenez une grande inspiration. Maintenant, faites le même exercice, mais en appuyant un peu sur vos narines pour les fermer. Imaginez devoir respirer de cette façon en tout temps, ne jamais arriver à prendre une bonne grande inspiration par le nez.
De plus, cette respiration anormale peut également causer des problèmes de sommeil et puisque moins d’air circule, peut également mener à des difficultés pour le chien à réguler sa température lorsqu’il fait chaud. Il faut donc porter une attention particulière à ce type de chien durant la saison estivale afin d’éviter les coups de chaleur.
Ce ne sont pas que les Carlins ou les Bouledogue qui peuvent être victimes de l’hypertype. Ces dernières années, l’American Bully Exotique semble connaître une popularité grandissante. On remarque ici un hypertype au niveau du museau, des pattes et de la musculature.
Et que penser du Berger allemand dont l’abaissement conscient de la ligne du dos conduit l’arrière-train à se trouver au plus bas, ce qui leur confère une démarche ataxique, très incertaine, et augmente les risques de dysplasies des hanches ainsi que d’autres troubles locomoteurs ?
Les Bergers Allemands, lorsqu’ils sont maniés pour la conformation, sont placés de manière à ce que l’une de leurs pattes arrière soit davantage avancée. Cela peut avoir comme effet faire descendre le dos. Toutefois, lorsque le chien se tient bien droit avec les pattes arrière à la même distance, le dos perd cette courbe et redevient relativement droit. Ou du moins, il le devrait. Remarquez bien dans cette vidéo, la courbe du dos reste bien marquée, et ce même lorsque le chien a les pattes arrière alignées.
Une autre race affligée par l’hypertype est le Cavalier King Charles, dont le volume de la boîte crânienne a été sciemment réduit, ce qui ne laisse plus assez de place pour le cerveau et peut entraîner des maladies neurologiques telles que la syringomyélie (considérée comme une des maladies les plus pénibles chez l’humain). Ou le Basset Hound dont les pattes ont été volontairement raccourcies, rendant pour ce type de chien les déplacements difficiles.
Pourquoi l’élevage de chiots hypertypés de poursuit-il ?
Qui faut-il blâmer ? Les fédérations qui fixent les standards de beauté de la race et tolèrent ce genre de type morphologique ? Les éleveurs canins qui sélectionnent génétiquement et reproduisent volontairement les traits accentués ? Les particuliers qui en choisissant telle ou telle race en cautionnent ce genre de pratique ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les concours de beauté n’ont certainement pas amélioré la tendance à l’hypertype. En effet, comme expliqué par Marc Evans, vétérinaire en chef de la SPA britannique sur son site internet ainsi que dans le cadre d’une enquête menée par la BBC et diffusée en 2008, « ce sont les concours qui sont l’origine du problème ».
Rester le plus près possible des standards de la race qui définissent la taille, la forme et les couleurs autorisées… tel semble être le leitmotiv d’une poignée de fans inconditionnels et de juges des compétitions de conformation, mais aussi de certains éleveurs.
En réalité, chacun de nous possède sa responsabilité et a un rôle à jouer dans le bien-être canin en particulier et animalier en général. L’hypertype, en véritable phénomène de société, ne touche pas que les chiens, mais aussi les chevaux, les chats ou encore les vaches laitières.
Les répercussions comportementales d’un hypertype physique chez le chien
Comme vous pouvez le remarquer, l’hypertype peut toucher plus d’une race de chiens et plus d’un aspect. Les problèmes que cela engendre, bien que physique, peuvent mener à des troubles d’ordre comportemental. En effet, la douleur est souvent une des causes de l’agression chez le chien. Lorsqu’on souffre, on est beaucoup moins tolérant au toucher des autres, ou même au fait de se faire aborder par quelqu’un, mais surtout, notre patience est limitée.
Chez les chiens brachycéphales, la difficulté à respirer peut résulter en des troubles de sommeil. Imaginons maintenant comme on se sent lorsqu’on passe plusieurs jours sans dormir correctement, un peu (beaucoup) plus irritable, n’est-ce pas ?
Ces problèmes sont toujours à garder en tête lorsqu’on a un chien qui présente un hypertype et de l’agression ou de l’irritabilité. Une visite chez le vétérinaire est recommandée afin de vérifier si on peut aider l’animal physiquement.
Vous verrez un peu plus loin que certains problèmes de comportements peuvent également être causés par un hypertype comportemental.
Vous vivez avec un chien qui présente des comportements d’agression ? Voici quelques articles qui pourraient vous aider :
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Les lignées de chiens de travail : un hypertype comportemental ?
Outre l’hypertype physique, pourrions-nous parler d’hypertype comportemental ? Les lignées de travail, par l’accouplement des champions de la discipline, ne sont-elles pas en quelque sorte des sources d’hypertypes comportementaux en puissance ?
Et ce genre d’hypertypes comportementaux conduisent à des chiens ayant des besoins en exercice physique astronomiques, que parfois même 6 heures d’activités par jour ne satisfont pas. Conduisant ces chiens, qui, dans des mains non conscientes du danger réel qu’ils représentent, à mordre, ou à développer des troubles du comportement.
L’humain a créé des chiens comme le Malinois, capable de travailler de longues heures dans des conditions extrêmes. Toutefois, quelles sont alors nos responsabilités face aux individus de cette race, maintenant très populaire et adoptée par plusieurs personnes n’en connaissant que trop peu sur les besoins de leur nouveau toutou ? Certains de ces chiens sont donc isolés et même parfois euthanasiés, victimes de la sursélection et de la non-sélection des familles CAPABLES d’assumer un chien pareil.
Qu’en est-il du Border Collie qui fixe les ombres toute la journée, car il ne dépense pas assez son énergie ? Les gens prennent un Border Collie parce qu’ils sont souvent nommés comme étant la race de chiens la plus intelligente. Ils pensent ainsi avoir un chien très obéissant et facile à entraîner, un chien qui ne fera pas trop de bêtises.
Ils devraient plutôt prendre un Border Collie parce qu’ils ont du travail pour lui ou qu’ils souhaitent lui faire faire plusieurs heures d’activités physiques par jour ! C’est ainsi que de graves problèmes de comportement tels que les troubles obsessionnels compulsifs canins se développent…
Inversons maintenant la situation. Et si nous décidions d’enfermer les plus grands ingénieurs dans un appartement sans internet, sans téléphone, sans aucune occupation et sans avoir le choix de leur nourriture. Après combien de temps deviendraient-ils fous selon vous ?
Nos chiens n’ont pas beaucoup de pouvoir sur leur vie. Ils ne peuvent pas choisir ce qu’ils veulent manger, où ils veulent vivre, les personnes ou les chiens avec qui ils interagissent au quotidien, ni même leurs propriétaires ou les méthodes d’éducation canine que ces derniers utilisent. Avec un peu de chance, ils tomberont sur des personnes qui utilisent des méthodes d’entraînement positives et qui permettront à leur chien de faire certains choix.
Nouvelle priorité : Des chiens sains physiquement et mentalement
Alors nous nous devons aujourd’hui de changer notre façon de voir les choses. Nous nous devons de prendre un chien que si nous sommes prêts à l’accueillir réellement. Ensuite, choisir la race qui correspond le plus à notre mode de vie. Et enfin, l’éleveur qui répond à nos valeurs et qui élève la race choisie d’une façon qui nous convient.
Il est aussi temps que les clubs de races revoient certains de leurs standards afin qu’on puisse enfin espérer un changement positif pour certaines races de chiens.
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Article rédigé par Emi Poumay et Nathalie Kowalski
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