Je trouve ça tellement difficile de devoir dire non à des clients, parfois ça m’empêche de dormir, mais je n’ai plus de place ! Entre les cours de groupe, les demandes des clients, les commentaires négatifs sur les médias sociaux et la maltraitance animale, je capote. Je suis tellement fatigué ! Je suis épuisé et ma vie est un vrai tourbillon, je n’arrive plus à m’organiser. Des fois, j’aurais envie de tout lâcher, je n’aime plus ce que je fais, c’est juste trop.
Vous vous reconnaissez dans quelques-unes, voire toutes, ces phrases? Vous n’êtes pas seul!
Selon les statistiques américaines publiées dans le Journal of the American Veterinary Medical Association, un vétérinaire sur onze ressent de la détresse psychologique et un vétérinaire sur six a déjà pensé au suicide.
Ces chiffres sont similaires à ceux de la France, de la Belgique et du Canada – il y a une prévalence d’épuisement professionnel et de fatigue compassionnelle qui peut, dans certains cas, mener à l’abandon de carrière, aux pensées suicidaires et parfois même au suicide.
Par extension, il est possible de croire que ces sentiments de détresse et d’impuissance affligent sans doute aussi tous ceux et celles qui œuvrent auprès des animaux : personnel de refuges, éducateurs canins, comportementalistes, techniciens en santé animale et autres.
Que sont l’épuisement professionnel et la fatigue compassionnelle ?
Selon Figley, l’épuisement et la fatigue liés aux activités professionnelles peuvent découler :
- d’une exposition directe à des évènements traumatisants.
- d’une exposition secondaire (écouter les clients parler de leurs expériences difficiles; aider les clients avec des chiens difficiles, en particulier les cas d’agressivité).
- toute autre exposition prolongée à diverses situations difficiles (clients difficiles, cas difficiles, milieux et/ou collègues négatifs; pression de performance, etc.).
Être éducateur canin, consultant en comportement canin, personnel de refuge ou famille d’accueil peut être extrêmement enrichissant à tous les points de vue, mais par moment, ce peut aussi être formidablement stressant.
Nous sommes appelés à aider les humains et les chiens, dans des environnements qui ne sont pas toujours sans risque. Au-delà des dangers potentiels associés aux chiens craintifs, anxieux ou agressifs, il y a les cas difficiles, les clients dont les attentes ne peuvent pas toujours être satisfaites et parfois même, des conversations difficiles à tenir.
L’exposition fréquente à la détresse animale, particulièrement présente chez les employés de refuges, et l’impuissance d’agir face à la souffrance qui est parfois le quotidien de nos clients à quatre pattes est également un facteur contributif.
À cela s’ajoute l’incertitude financière d’être travailleur autonome, les incessantes demandes téléphoniques ou par courriel, les demandes d’aide sur les médias sociaux, les « je ne veux pas payer pour une consultation, j’ai juste besoin d’un petit conseil rapide », l’impression de travailler en vase clos et seul et le sentiment de ne pouvoir faire avancer une cause qui nous tient à cœur : le bien-être animal.
Vous vous reconnaissez ? Vous n’êtes pas seul !
Qu’on se le dise, travailler dans le milieu canin, ce n’est pas que de mignonnes boules de poils et des licornes. Plus souvent qu’autrement, notre travail d’intervenant en éducation canine nous fait voyager sur des chemins inattendus. Le beau parcours que l’on s’était tracé en terminant notre formation d’éducateur canin prend subitement une toute autre tournure.
Le poids de ces multiples stresseurs finit par se fait sentir. Il faut réduire la pression.
Quels sont les signes de la fatigue de compassion ?
Le pouvoir est dans l’équilibre
-Barbara Kingsolver
La première étape pour éviter la fatigue de compassion est de faire son bilan personnel.
Certains de ces énoncés s’appliquent-ils à vous?
- Votre client vient d’annuler à la dernière minute et ça fait bien votre affaire
- Vous perdez patience avec des collègues ou des clients; vous êtes irritable
- Vous avez de la difficulté à dormir
- Vous pleurez souvent
- Vous avez de la difficulté à trouver des « petits bonheurs » quotidiens
- Vous êtes épuisé, physiquement et/ou émotionnellement
- Vous avez l’impression de ne plus être à la hauteur, d’être dépassé
- Votre travail empiète sur votre vie privée ou familiale
- Vous retirez peu ou pas de satisfaction au travail
- Vous avez une perte d’appétit, une perte ou un gain de poids, des maux de tête
Si vous vous êtes pris dans un tel tourbillon, il y a des solutions!
Comment prévenir l’épuisement professionnel ?
Votre bilan est fait ? Allons-y maintenant avec la prévention.
Rien n’est soutenable sans limites
-Brené Brown
✅ Soyez à l’écoute de vous-même afin de reconnaître les signes et symptômes d’un trop-plein : notez les changements dans vos comportements au travail et à la maison
✅ Identifiez vos limites, tracez une ligne; passez du « je dois » au « j’aimerais »
✅ Échangez de façon informelle avec collègues, amis ou un mentor et discutez avec vos proches; ils auront peut-être aussi remarqué certains changements
✅ Dans la mesure du possible, diminuez votre charge de travail et évitez ces surcharges de travail et le manque d’organisation
✅ Accordez-vous des pauses-santé de 24h; fermez téléphone, ordinateur et médias sociaux et reposez-vous; la méditation ou tenir un journal sont des outils qui ont fait leurs preuves
✅ Faites de l’exercice
✅ Au besoin, consultez un professionnel
Savoir respecter ses limites
Il y aura toujours plus de chiens à aider, plus d’humains à guider, plus de messages à passer, que ce qu’il est raisonnablement possible de faire. Parfois, il faut penser à soi et à son bien-être physique et mental, afin de pouvoir continuer à aider les autres.
Une conversation avec soi-même s’impose avant d’atteindre le point de rupture; faire son bilan, définir ses objectifs personnels et professionnels, échanger avec ses paires. Identifier nos limites demande une introspection et les respecter, de la discipline. Ce n’est jamais facile de dire non, c’est encore plus difficile de demander de l’aide.
Nous sommes dans un domaine où la compétition est féroce, le jugement sévère, la critique facile. Dans un tel contexte, prendre du recul, s’accorder une journée par semaine pour soi, pour recharger ses batteries et faire le plein-santé ne sont pas des luxes, c’est essentiel.
Rester à l’affut pour soi, mais ne pas oublier l’autre, ce collègue qui n’en peut plus, qui en a trop ou qui traverse un moment difficile.
L’entraide, dans notre profession, non seulement pour aider les chiens et leurs propriétaires, mais aussi pour nous soutenir entre nous.
Si vous êtes en détresse, SVP contactez l’une des ressources suivantes
- Tel-Aide, disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7
- Ligne d’écoute : 514 935-1101
- Si vous avez des pensées suicidaires composez le 833-456-4566 ou le 911
Et si vous preniez les choses en main avant d’arriver au fond du baril ? Le succès professionnel, l’équilibre de vie ainsi que l’organisation au travail sont se cultivent jour après jour avec de petites actions simples à mettre en place. Le séminaire en ligne Tout savoir pour optimiser son utilisation du temps a justement été créé pour les travailleurs autonomes du domaine animal qui vivent énormément de stress, de chaos et de défis dans leur quotidien.
De plus, profitez de 10% de rabais avec le code promotionnel PROFESSIONNEL10. Votre nouvelle vie vous attend par ici, étape par étape !
Article rédigé par Sandra-Marie Hrycko, CSAT
Pour en savoir plus :
- Prévention : https://www.themoderndogtrainer.net/ways-stop-burnout-and-compassion-fatigue/
- Formation (pour professionnels du monde canin) : https://e-trainingfordogs.com/canine-professional-compassion-fatigue/
- Étude : Compassion fatigue in people who care for animals: An investigation of risk and protective factors. Monaghan, Holly Rohlf, Vanessa Scotney, Rebekah Bennett, Pauleen. https://psycnet.apa.org/record/2020-17640-001
Poursuivez votre lecture :
- Concepts de comportement animal avancés : Le conditionnement classique et le pseudo-conditionnement
- 9 lectures à ne pas manquer pour les éducateurs canins
- Pourquoi donner des antidépresseurs à son chien ?
- Ne tombez pas dans le piège des chiots à vendre sur les petites annonces !
Ces services pourraient vous intéresser :
- Cours en ligne : Tout savoir sur le jeu chez le chien
- Cours en ligne : Comment aider vos clients à atteindre leurs objectifs en entraînement canin ?
- Cours en ligne : Philosophie et éthique – Devrions-nous revoir nos relations avec les animaux ?
- Cours en ligne : La zoothérapie – Aider l’humain grâce aux animaux
Excellent article, bravo!
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de nous écrire votre commentaire ! C’est très apprécié !