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    Éducation canine : 3 règles pour que la punition fonctionne !

    Votre chien détruit tout dans la maison ? Votre chien creuse dans le jardin  ? Votre chiot vous mordille et vous saute dessus ? Votre chien grogne lorsqu’il est sur le divan ? Il aboie toute la journée ? Ou bien, votre chiot n’est pas propre ?

    Vous demandez donc conseil à droite et à gauche afin qu’on offre des solutions à votre problème. On vous dit tout et son contraire. Vous ne savez donc plus quoi faire pour faire cesser les mauvais comportements de votre chien.

    La solution serait-elle de punir votre chien ou votre chiot ?

    Afin de répondre à cette question épineuse, nous verrons ensemble différentes notions sur le concept de la punition dans cet article :

    1. Qu’est-ce qu’une punition ?
    2. Qu’est-ce qu’un stimulus disruptif ?
    3. Comment faire pour qu’une punition soit efficace ?
    4. Les effets négatifs de la punition sur le bien-être de votre chien
    5. Les effets négatifs sur son comportement à long terme
    6. Les chiens ont-il la notion de bien et de mal ?
    7. Pour quelles solutions opter si on ne veut pas faire peur ou faire mal à son chien ?

    Éducation canine 101 : Qu’est-ce qu’une punition ?

    Bien que ce soit un mot que nous entendions depuis l’enfance, certaines notions doivent être bien maîtrisées pour aborder la punition en éducation canine.

    En psychologie, le conditionnement opérant distingue la punition du renforcement selon l’effet que provoque la conséquence d’un comportement.

    • Un renforcement se produit lorsqu’une conséquence d’un comportement augmente la probabilité qu’il se reproduise.

    Par exemple : j’achète un billet de loterie (comportement) et je gagne 1000$ (conséquence du comportement). La probabilité que j’en achète d’autres augmente (conséquence).

    • De son côté, la punition se produit lorsqu’une conséquence d’un comportement diminue la probabilité qu’il se reproduise.

    Par exemple : J’achète un billet de loterie (comportement) et je ne gagne pas d’argent (conséquence du comportement). La probabilité que j’en achète d’autres diminue (conséquence).

    Les types de punitions et de renforcements

    Il existe deux types de punitions et de renforcement : positif et négatif. Attention ! Les mots « positif » et « négatif » ne font pas référence au fait d’être agréable ou désagréable.

    Positif : la conséquence du comportement est l’ajout d’un stimulus (gagner de l’argent).
    Négatif : la conséquence du comportement est le retrait d’un stimulus (perdre de l’argent).

    Comme vous pouvez le voir, le renforcement positif est intimement lié à la punition négative, alors que la punition positive est intimement liée au renforcement négatif.

    Ne pas confondre la punition avec un stimulus disruptif

    Un stimulus disrupquoi? Le stimulus disruptif n’a pas comme objectif de diminuer la fréquence d’un comportement, il a simplement comme fonction d’interrompre un comportement sans qu’il y ait d’effet sur la fréquence du comportement. 

    Compliqué ? Voici deux exemples :

    • Pendant que je prépare le repas, quelqu’un sonne à la porte : je vais cesser de cuisiner, aller répondre à la porte et revenir à ma tâche par la suite. Il s’agit d’un stimulus disruptif : j’ai interrompu le comportement dans l’immédiat, mais ça ne devrait pas faire en sorte qu’à long terme, je ne veuille plus préparer les repas.

    • En cuisinant, je fais une erreur : le feu prend dans le four et je me brûle au deuxième degré … il est possible que l’évènement fasse en sorte que je ne veuille plus préparer les repas de peur de revivre la même situation. Il y a un effet d’apprentissage diminuant la fréquence d’un comportement : il s’agit donc d’une punition.

    Voyez-vous la différence ? Un exemple canin que je vois très souvent est le fait de donner une secousse sur la laisse pour « ressaisir » et « distraire » son chien afin qu’il cesse de tirer durant la promenade. Est-ce vraiment une simple distraction ou une « correction »? Si à long terme, cela a comme effet que Toutou tire de moins en moins … il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’une punition et qu’il tire moins pour éviter les secousses.

    Comment votre chien perçoit-il le stimulus ?

    Ce qui nous amène à la prochaine nuance importante : c’est votre chien qui décide si le stimulus est une punition, un renforcement ou une simple distraction.

    Par exemple : est-ce que caresser votre chien est vraiment un renforcement efficace ? Pour beaucoup de chien, se faire flatter ne sera pas un renforcement suffisant et pourrait même être perçu comme une punition par un chien qui n’aime pas se faire caresser ou même qui s’attendait à recevoir une friandise. Je parie que même si vous aimez beaucoup votre patron, il y a peu de chance que vous retourniez au travail si celui-ci décide de remplacer votre chèque de paie par un câlin, même rempli des meilleures intentions du monde …

    Les règles pour qu’une sanction soit efficace

    #1 La punition doit survenir immédiatement

    Pour être associé au comportement que l’on souhaite diminuer, la punition doit se produire pendant que Fido produit le comportement, ou immédiatement après. Ce qui, dans les faits, rend la punition assez difficile à mettre en place, car on ne peut simplement pas passer notre temps à observer notre chien à chaque seconde de notre vie pour intervenir dès qu’il produit l’erreur.

    #2 La punition doit survenir chaque fois que le comportement se produit

    Qui n’a pas déjà ralenti sur l’autoroute en voyant un radar policier ? En effet, puisque nous ne recevons pas une contravention chaque fois que l’on dépasse la limite de vitesse autorisée … il peut nous arriver de ne pas suivre tout à fait la règle tout le temps. Si la punition ne survient pas à chaque fois, il est fort probable que celle-ci ne nous apprenne pas à ne pas reproduire le comportement, mais plutôt QUAND il peut être produit sans conséquence.

    #3 La réprimande doit être suffisamment déplaisante

    Pour que votre chien ne veuille plus recommencer le comportement, il faut que la punition soit assez désagréable pour l’en décourager. Par exemple : si le plaisir de votre chien qui mange la nourriture qu’il trouve sur le comptoir de la cuisine surpasse les réprimandes qu’il risque de subir lorsque vous le surprendrez … il y a de fortes chances que la punition ne soit pas efficace. Vous devrez alors trouver une punition qui aura plus d’impact : un jet d’eau dans la figure peut-être ? Un gros bruit ?
    C’est un problème souvent rencontré avec l’utilisation de la punition positive : elle crée une escalade vers des punitions de plus en plus coercitives, nous amenant à utiliser l’intimidation, la peur et voire même, la douleur. En effet, l’utilisation de certains outils coercitifs comme les colliers étrangleurs ne sont pas sans conséquence. En fait, c’est la nature même de la punition positive : elle repose sur l’inconfort (psychologique et/ou physique) qu’elle crée afin de décourager l’individu à reproduire un comportement.

    Les effets de la punition sur votre chien

    Malheureusement, l’utilisation de la punition, particulièrement la punition positive, a énormément d’inconvénients.

    1. Elle ne crée pas une extinction du comportement : c’est-à-dire un arrêt complet du comportement de façon définitive. Le comportement cesse uniquement tant que l’agent punitif est présent et reprend dès que la menace de la punition est passée.
      Par exemple : si les policiers cessent de surveiller les limites de vitesse … il est fort probable que plus personne ne les respecte!
    2. Fido ne sait toujours pas quel comportement adopter : la punition dit à votre chien quoi ne pas faire, mais il ne sait toujours pas quoi faire ! Il risque donc de reproduire les mêmes erreurs et être anxieux sans savoir pourquoi.
      Par exemple : imaginez recevoir une contravention pour excès de vitesse alors qu’il n’y avait aucune indication de la vitesse permise. Vous ne savez pas trop quelle vitesse vous devriez rouler la prochaine fois, vous risquez de commettre encore la même erreur en plus d’être très stressé de ne pas savoir quoi faire exactement.
    3. La punition crée du stress : tant chez le chien que chez l’humain, de nombreuses études démontrent une augmentation du stress et de l’agressivité chez les individus punis en plus de détériorer la relation entre Fido et son propriétaire et de nuire à l’apprentissage et la performance. Ainsi, il n’est pas rare qu’un chien qui se fait punir tente de mordre son propriétaire.

    Le chien et la notion de bien et de mal

    Bien que le répertoire d’émotions ressenties par notre meilleur ami canin soit très large, à ce jour, nous n’avons jamais été capables de démontrer que le chien pouvait ressentir de la culpabilité ou des remords.

    Ces sentiments semblent exiger des capacités cognitives trop complexes pour Fido, tels que se projeter à la place de l’autre.

    Contrairement au chien, nous avons les capacités cognitives de comprendre la raison d’être de certaines règles : les limites de vitesse sont là pour notre sécurité et celle des autres. Cela ne nous donne bien peu d’excuses de ne pas suivre la règle et peut-être un peu d’empathie pour notre compagnon canin à qui l’on demande de s’adapter au monde humain rempli de règles qui lui échappent : ne pas faire pipi dans la maison, ne pas manger la délicieuse nourriture sur la table, ne pas se coucher sur le divan si confortable, et alouette …

    Malheureusement, le chien ne peut pas deviner POURQUOI il est puni et donc votre ami canin ne peut pas se sentir coupable. Plusieurs des comportements que nous qualifions comme étant de « mauvais » comportements, sont en réalité tout à fait naturels pour lui ! Par exemple, le chien est un animal au comportement alimentaire opportuniste et c’est d’ailleurs l’hypothèse la plus crédible pour expliquer les origines de la domestication du chien. C’est donc tout à fait normal pour votre chien de ronger vos meubles, de chercher à mettre ses pattes sur le comptoir lorsque vous cuisinez et de manger ce qui se trouve dans votre assiette oubliée sur la table basse du salon.

    Alors, quelles sont les solutions pour punir correctement un chien qui fait des bêtises et qui désobéit ?

    #1 Prévention et gestion de l’environnement

    La gestion d’environnement consiste à mettre en place des stratégies environnementales empêchant Fido de pratiquer le mauvais comportement. Ceci est primordial pour :

    1. Qu’il arrête d’entretenir la mauvaise habitude. Si le « mauvais » comportement est plaisant pour Fido, tel que manger le contenu de la poubelle, plus il le fera, plus il aura envie de le refaire.
    2. Lui permettre de produire le bon comportement au lieu du mauvais.

    Voici quelques exemples de gestion d’environnement :

    1. Placer des barrières de bébé pour éviter que Fido n’aille dans certaines pièces.
    2. Retirer de l’environnement les objets que Toutou n’a pas le droit de toucher.
    3. Tenir son chien en laisse pour l’empêcher d’aller à un endroit.

    Ce qui est important de comprendre est que la gestion d’environnement est temporaire : nous l’utilisons le temps d’apprendre à Fido le bon comportement à adopter.

    Bien sûr, rien ne vous empêche de ne faire que de la gestion d’environnement sans apprendre le bon comportement ! Ce n’est pas de la paresse et cela peut être utile lorsque beaucoup de comportements doivent être travaillés, cela permet de prioriser les plus urgents. Par exemple, si votre chien est agressif et mord, il est possible que travailler sur la problématique du chien qui vole la nourriture à table soit moins importante pour le moment !

    #2 Trouver la cause du mauvais comportement de Pitou

    Les comportements de Fido sont là pour une raison, et celle-ci n’est pas d’embêter les humains ! Pour intervenir correctement, il est important de trouver ce qui motive le comportement de votre chien. Par exemple, votre chien peut détruire des objets par ennui, tirer en laisse, car il croit que c’est ce qui lui permet d’avancer. Votre compagnon canin pourrait même fuguer s’il est distrait par son environnement, etc. À noter qu’un même comportement peut avoir deux causes différentes : par exemple, un chien peut japper pour avoir votre attention ou encore, car il est stressé.

    #3 Renforcer les bons comportements de votre chien

    On ne peut pas espérer qu’un chien produise les bons comportements sans lui avoir montré ce qu’on attend de lui.  Il faut combiner la punition négative avec le renforcement positif pour augmenter la probabilité qu’il reproduise les bons comportements ! Vous pouvez utiliser une récompense alimentaire ou simplement lui donner ce qu’il souhaite obtenir lorsqu’il produit le mauvais comportement.

    Par exemple : si votre chien tire en laisse pour aller sentir un poteau, donnez-lui accès au poteau seulement lorsqu’il marche sans tirer. Ou encore, si votre chien a tendance à mordiller pour jouer, jouez avec lui quand il le demande calmement en s’assoyant ou en amenant son jouet. Si votre chien ne produit pas de lui-même le comportement souhaité, provoquez-le : par exemple, utilisez des friandises pour apprendre à votre chien à marcher en laisse sans tirer et donnez-lui accès aux zones qu’il aime explorer quand il réussit bien l’exercice.

    Voici quelques articles essentiels à lire pour éduquer son chien efficacement en méthodes positives :

    Voici un exercice, celui de la commande tapis, qui pourra vous aider à garder le contrôle de votre chien dans plusieurs situations (lorsqu’il y a des invités à la maison, si vous préparez un repas, si vous sortez en terrasse) : 

    #4 Ignorer intentionnellement son chien

    Comme l’utilisation du retrait, ignorer complètement son chien (ne pas lui parler, ne pas le toucher et ne pas le regarder) quand il produit des comportements indésirables dans le but d’obtenir votre attention est très efficace! Cependant, ignorer son chien s’avère inefficace si :

    1. Le comportement est plaisant pour votre chien et n’est pas dans le but d’avoir votre attention. Par exemple, il serait inefficace d’ignorer un Pitou qui gruge une patte de chaise, car c’est plaisant et répond à au besoin de mastication du chien.
    2. Le comportement de Fido est causé par du stress. En effet, si votre chien est en détresse, le fait ne pas lui donner d’attention et de le laisser dans cet état est non seulement inefficace pour enrayer le comportement, mais peut l’aggraver en lui apprenant que vous n’êtes pas quelqu’un à qui il peut se fier quand il ne se sent pas bien ou pire, l’amener dans un état d’impuissance acquise.

    #5 Le retrait et l’isolement

    Pour les demandes d’attention inappropriées (chien qui jappe, saute, mordille, etc. ), une solution efficace est d’utiliser le retrait; une forme de punition négative. En effet, si Fido vous demande de jouer avec vous en mordillant et bien… la meilleure façon de lui faire comprendre que ce n’est pas un comportement efficace pour jouer est de faire le contraire de ce qu’il veut : mettre fin à l’interaction et s’éloigner sans lui parler.

    Il est toujours préférable de se retirer nous-mêmes que de placer Fido en isolement : en effet, le fait d’amener son chien en isolement demande de le toucher, de lui donner une certaine forme d’attention et peut créer beaucoup de frustration en plus de créer une aversion aux manipulations du collier.

    #6 Demander l’aide d’un éducateur canin qui utilise des méthodes éthiques et à jour

    Si le problème persiste, n’hésitez pas à demander l’aide d’un professionnel qui pourra vous aider à mettre en place un protocole personnalisé à votre situation et qui vous accompagnera tout au long du processus.

    Finalement, la question à mille dollars : dire «non» à son chien, est-ce une punition ?

    Le chien n’utilise pas le langage comme nous. Il réagit aux mots selon ce qu’ils annoncent et selon leur intonation.

    Si vous dites le mot « non » sur un ton neutre et sans que cela annonce quelque chose de négatif et bien … cela n’aura pas plus d’impact sur votre chien que si vous disiez « banane », « patate » ou n’importe quel autre mot sur un ton neutre. Cependant, je ne sais pas pour vous, mais moi je ne connais personne qui dit le mot « non ! » sur un ton neutre tel un robot. Souvent, le mot est dit avec une intonation de voix négative et un langage corporel intimidant. Alors, est-ce une punition ?

    • Si la fréquence du comportement diminue en utilisant le « non ! » = oui, c’est une position positive !
    • Si cela n’a aucun effet sur la fréquence du comportement = ce n’est pas une punition car il n’y a pas d’apprentissage !

    Si votre objectif est d’interrompre le comportement sur le moment, nul besoin de le faire de façon si négative en disant un gros « non ! ». Vous pouvez l’appeler joyeusement avec son nom ou en faisant un bruit spécial, par exemple. Voici une vidéo dans laquelle est appliqué ce principe pour les mordillements (mais qui peut servir à d’autres occasions) : 

    La conclusion est donc : non, ne dites pas « non! » à votre chien ! 😉

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    Article rédigé par Clara Gosselin-Saucier

     

     

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